TT Isle of Man est une adaptation vidéoludique signée Kylotonn Games et Bigben Interactive de la célèbre course anglaise de moto, la Tourist Trophy. Lors de l’annonce du jeu l’année dernière, Bigben avait fait le pari de reproduire fidèlement la course. Est-ce un pari réussi ? Voici notre réponse.
Avant de préciser la qualité du jeu, faisons d’abord une petite piqûre de rappel sur ce qu’est la mythique course Tourist Trophy. Cette course a été créé en 1907 sur l’Ile de Man en Angleterre et voyait deux catégories (mono et bicylindres) se disputer la victoire sur un circuit de 24km entre St John’s et Peel. Ce n’est que 4 ans plus tard en 1911 que la course optera pour un tracé comportant 264 virages le tout sur 60km (37¾ miles) et s’ouvrira à plus de catégories. Depuis, elle se tient chaque 1ère semaine du mois de juin, et l’année 2018 signera sa 99e édition, la course n’ayant pas été courue en 2001 et lors des deux Guerres Mondiales. Elle est connue dans le monde de la moto comme étant une course folle et dangereuse, dans laquelle les pilotes se lancent sur les routes parcourant les villes et la campagne et atteignent des vitesses à plus de 200km/h en moyenne, avec une pointe record enregistrée à 331km/h en 2006 par le pilote néo-zélandais Bruce Anstey. Mais hormis sa technicité, la course est également connue pour son caractère funeste, de nombreux pilotes et quelques spectateurs y ayant perdu la vie, avec 14 victimes ces 10 dernières années dont un français… Paix à leur âme.
Maintenant que les présentations sont faites et que la larme a coulé, revenons parler du jeu en lui-même. Comme précisé dans l’introduction, lorsque Bigben Interactive a annoncé TT Isle of Man l’année dernière, le studio avait pour ambition de recréer fidèlement les 37¾ miles de la course à une échelle 1/1. Clairement, le travail du développeur Kylotonn Games a été conséquent car les aficionados de la Tourist Trophy sauront reconnaître la fidélité du jeu avec la réalité. On n’a pas été vérifié que chaque arbre est à sa place, mais on ne peut certainement rien reproché à Kylotonn sur ce point là. Côté graphismes, TT n’est pas en reste, il est graphiquement très joli, les décors latéraux sont travaillés même si on ne les voit que rapidement et le jeu jouit de jolis effets de lumières. Les animations de la moto et du pilote sont elles aussi assez fidèles, le jeu jeu est relativement fluide avec un 30FPS constant sans chute de framerate. On regrettera tout de même que le titre ne soit pas en 60FPS, mais cela n’enlève à rien à sa qualité d’image. Je n’ai par ailleurs rencontré aucun bug, aucun lag, aucun freeze lors de mes parties, preuve d’un jeu assez bien optimisé. J’aurai tout de même envie de déconseiller le jeu aux épileptiques, tant le défilement des arbres sur le côté de la route et l’alternance ombre/lumière peut donner une impression de flash lorsqu’on est à vitesse maximale en ligne droite…
Après la parenthèse histoire et la parenthèse graphique, place à la pratique. D’entrée de jeu, après une séquence animation en anglais pas sous-titré (faudra m’expliquer l’utilité du coup), TT vous explique les bases dans un petit tutoriel : vous pouvez jouer soit aux gâchettes soit aux boutons : RT pour accélerer, LT pour freiner de l’avant, RB pour passer une vitesse, RB pour rétrograder pour la 1ère option; pousser R vers l’avant pour accélérer, tirer R vers le bas pour freiner de l’avant et B pour freiner de l’arrière, Y pour passer une vitesse, X pour rétrograder pour la 2e option (enfin, sur Xbox One, bien entendu). Mais rassurez-vous, vous n’aurez pas à choisir, les deux fonctions étant actives en même temps, laissant le choix de la façon de piloter au joueur. Côté maniabilité, bougez L de gauche à droite pour bouger le pilote sur la moto et tourner en l’inclinant, et bougez L de haut en bas pour relever ou coucher le pilote pour l’aérodynamisme. Les flèches directionnelles droite/gauche vous permettront quant à elles de changer la caméra. A vous alors de terminer une petite course d’initiation avant d’avoir accès aux divers modes de jeu que propose TT.
Le jeu offre plusieurs niveaux de difficulté au niveau de la difficulté de l’IA (facile, intermédiaire, difficile et expert) et au niveau du style de pilotage : Amateur, Semi-Pro, Pro et Simulation. Par défaut, votre niveau de difficulté est paramétré sur Semi-Pro, ce qui fera varier les réglages. Ainsi, un amateur aura tout ce qui ABS, ESP, anti-wheeling et anti-stoppie d’activé avec un freinage combiné et une boîte automatique, ainsi que la ligne de course d’affichée, tandis qu’à contrario, en Simulation, vous n’aurez rien d’activé, vous serez seul maître de votre bolide et de votre vie. Et bien entendu, vous êtes libre de paramétrer comme vous le souhaitez la sensibilité de chacun de ces facteurs, et ainsi piloter à votre aise en pimentant ou non la difficulté.
Une fois toute cette partie réglage terminée, place au bitume. Plusieurs modes de jeux s’offrent à vous, seul ou à plusieurs. Dans le Solo, vous pouvez prendre part à Course rapide, Contre-la-montre, Carrière et Tutoriel, tandis que dans Multijoueur, vous pouvez jouez en ligne, ou hors ligne en local au tour par tour.
Dans le mode Carrière, vous pourrez « créer » votre pilote : nom, prénom, surnom et couleur de la combinaison, en revanche, ce n’est pas possible de définir le sexe du pilote. Une fois « votre vous » créé, vous aurez 40’000£ d’alloués pour l’achat de votre première machine, que vous ne pourrez par contre pas du tout modifier que ce soit niveau couleur, carrosserie ou mécanique, et ça c’est quand même sacrément dommage. Personnellement j’ai opté pour la Yamaha YZF-R6 de Derek McGee (parce qu’en vrai j’ai une Yamaha dans mon garage). Vous avez également un agent, qui vous dressera régulièrement votre bilan financier, et un calendrier de course qu’il faudra remplir en acceptant de participer à certaines courses qualificatives, pour augmenter vos gains (nécessaires pour acquérir un nouveau jouet) votre popularité et le nombre de vos fans, et ainsi vous rapprochez de la course finale : la Snaefell Mountain Course. Vous enchaînerez divers types de courses, des circuits comme des tracé directs, parfois vous démarrerez en même temps que vos concurrents sur une grille de départ, parfois vous débuterez les uns derrières les autres.
TT Isle of Man se veut simulation et on le ressent très bien, la moindre erreur pouvant vous mener à goûter le bitume. En effet, si en ligne droite la moto tient très bien la route, et la sensation de vitesse est assez présente par l’accentuation du bruit du vent, en virage et tournant, vous n’aurez pas le droit de vous tromper. Accélérez un peu trop et vous partirez à l’extérieur du virage, ralentissez trop et vous casserez la fluidité de votre allure et de votre trajectoire… Inclinez trop la moto et vous pourrez aller chatouiller le muret à l’intérieur de la courbe avec votre casque, inclinez pas assez et vous serrerez les fesses en espérant ne pas aller faire un coucou au buisson. Il vous faudra un sacré paquet de courses et de chutes pour réussir à évaluer comment doser l’accélérateur et le joystick gauche pour avoir la position, la trajectoire et l’allure parfaite pour négocier chaque virage. Je remercie évidemment le petit succès sur Xbox One baptisé « Pascale la cascade », qui m’a glorifié pour avoir chuté 10 fois et qui m’a offert 10G à peine 5 minutes après avoir lancé le jeu pour la 1ère fois, attestant de ma nullité…
Mais, si tout au début de ce test je vous parlais du côté funeste du jeu, heureusement qu’on ne meurt pas à la première chute violente dans le jeu, sinon on passerait notre temps à recommencer ! Car certes, j’ai eu du mal à prendre le contrôle de ma machine (dieu merci dans la vraie vie je maîtrise ma XJ6…), mais la moto à parfois des réactions totalement incompréhensibles… En pleine ligne droite, plein gaz, vous allez prendre un petit saut : tout devrait bien se passer, la trajectoire est droite, la moto pas inclinée, le motard bien positionné, mais on sait pas pourquoi elle va partir toute seule en live à la réception… Je peux aussi parler de la moto qui, lorsque tu redresse délicatement ton motard en raccompagnant toi même le joystick en sortie de courbe, décide de partir à l’opposé de la trajectoire… Je peux aussi citer les réapparitions au milieu de la route quand tu mords à peine le bas côté alors que tu pouvais très bien t’en sortir toi même… Bref, des fois c’est tout bonnement très frustrant, mais en même temps ça donne encore plus envie de persister et de réussir; et parfois d’abandonner et changer de jeu, car y’a des jours comme ça, où quand ça va pas, bah ça va pas.
On arrive sur la fin de ce test, et avant de glisser le point final de ce dernier, il est bon de souligner que TT Isle of Man offrira un bon challenge aux joueurs passionnés de motos et aux joueurs ayant les yeux ébahis en regardant les pilotes avoiner sur la Tourist Trophy… Graphiquement plaisant, parfois frustrant mais à la fois enivrant, il faudra persévérer pour réussir et ne rien lâcher. Je finirai sur une touche d’humour : vous savez à quoi on reconnait un motard heureux ? Au nombre de moustique collés sur ces dents. Voilà voilà, à vos guidons !
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