Obsidian cela vous parle ? Si je dis Dungeon Siege 3 ou South Park le Bâton de la Vérité ? Non bon Fallout New Vegas ? Ah c’est mieux. Ce studio, récemment acheté par Microsoft a un penchant sévère coté RPG qu’ils soient old school (Pillars of Eternity) ou plus général comme KOTOR 2 ou Neverwinter Nights 2 et The Outer Worlds s’annonce comme un imbroglio de toutes leurs expériences passées. Verdict ?
The Outer Worlds prend place dans le système d’Halcyon, ou un groupuscule d’entreprise a acheté les droits d’exploitations et y a envoyé deux vaisseaux de colons l’Espoir et le Précurseur. Si le premier s’est perdu, le second est arrivé à bon port et a commencé l’exploitation… à leur manière. Vous, qui étiez endormi depuis 70 ans au sein de l’Espoir êtes réveillé brusquement par Phinéas Welles, scientifique un peu parano et activement recherché par le Conseil pour rébellion. Il vous explique que tout va mal dans le système car l’ensemble de la direction d’origine dort encore sur le vaisseau. Il a besoin de vous pour produire la substance qui a permis de vous réveiller sans trop de dommages. Juste un petit effet secondaire, la capacité à quasiment arrêter le temps.
Phinéas va donc vous envoyer sans ménagement sur Terra-2, planète entièrement aux mains des corporations avec pour objectif de rejoindre le capitaine Hawthorne qui vous escortera afin de réussir votre mission. Bien évidemment cela va mal finir car ce capitaine a pris les consignes de Phinéas à la lettre, et sera écrasé par votre module. Vous voilà donc au milieu de nulle part, avec un vaisseau sans capitaine et en panne !
La création du personnage est, pour ce style de jeu assez complet sans pour autant sortir du cadre. On constate immédiatement que Obsidian a pris le choix (intelligent selon moi) de ne pas fermer le joueur dans les carcans de « classe » mais au contraire laisse libre l’orientation de notre avatar. Vos premiers points sont a répartir dans 6 caractéristiques de départ, celles-ci seront étoffées par la suite. Le système offre une grande liberté de choix et tous les 20 points vous octroient un nouvel avantage
Dès vos premiers pas dans la Vallée d’Emeraude le spectre de Fallout est omniprésent. D’une part via la vue FPS mais par la manière de se déplacer et se battre. Comme dans le jeu de Bethesda vous pourrez tenter une approche furtive en vous aidant des herbes hautes et des éléments du décor, ou l’approche bourrine au corps-à-corps ou à distance. Le S.V.A.V est remplacé ici par le DTT (Dilatation Temporelle Tactique) ressemblant à une version simplifiée de SuperHot, c’est-à-dire que lorsque vous l’activez, le temps ralentit très fortement, mais cette distorsion fluctuera suivant vos actions. Si vous ciblez un ennemi, vous connaîtrez son niveau, ses faiblesses et le temps avancera très lentement. Au contraire si vous tirez, la barre du DTT se consommera beaucoup plus vite.
A vous donc de jongler entre analyse et action, sachant que c’est via le DTT que vous pourrez cibler des parties spécifiques du corps de votre cible, avec un effet pour chaque (y compris si vous tirez dans l’entrejambe…).
Ici toutes les compétences classiques comme l’attaque chargée au corps-à-corps ou le ciblage durant le DTT s’obtiennent en dépensant des points, ce n’est pas inné et c’est une bonne chose. L’armement lui aussi est intéressant car comme Fallout/Skyrim, (cette comparaison sera très fréquente je vous préviens) il s’use. Mais il peut également s’améliorer via l’ajout de mods. Classique certes mais suffisamment simple pour agrémenter le gameplay. Le vrai bémol est que question diversité d’équipements ce n’est pas ça. Les armures se ressemblent toutes et Obsidian a fait le choix d’upper l’équipement via un « tag » V2 ou ultime pour indiquer sa puissance. Dommage.
Question interactions, rien de bien original aussi avec la possibilité de mentir, intimider ou persuader, la véritable richesse se trouve dans les réponses possibles qui peuvent être vraiment drôle, cynique ou trash. D’ailleurs chaque quête principale et secondaire sont très bien écrites, pas de véritables quêtes Fedex et c’est vraiment plaisant. Même constat pour les choix possibles, on revient ENFIN à la période de Dragon Age Origins (2011 quand même) où les choix bons comme pourris sont assumés jusqu’au bout !
Fini le coté lisse et gentil que l’on avait ses derniers temps, vous avez envie d’être un vrai enfoiré, vous pouvez ! Vos choix ont un impact et selon ce que vous faites, certaines quêtes ne seront plus accessibles (surtout si vous tuez tout le monde en ville par exemple). Vous pourrez trahir, tromper et jouer sur plusieurs tableaux et c’est cool.
Question ambiance, The Outer Worlds fait fortement penser à la série Firefly (de Joss Whedon avec notamment Nathan Fillion dans le rôle de Malcolm Reynolds) tant par son ambiance western futuriste que par son univers cinglant et liberticide. Coïncidence, vous avez un vaisseau en panne dès le début du jeu (comme souvent avec le Serenity), et un équipage, que vous formez au fur et à mesure de votre avancée (jusqu’à 6) ayant certains (fort) traits communs avec celui de la série.
Graphiquement aussi on retrouve la patte d’Obsidian, soit une sorte de monde pastel (un peu à la No Man’s Sky, notamment sur Terra-2) mais en version sale. Certains diront que graphiquement le jeu n’est pas à la hauteur des standards de 2019, mais si l’intérêt d’un jeu se résumait aux graphismes ça se saurait…. The Outer Worlds est néanmoins assez beau avec de superbes panoramas et des planètes aux environnements exotiques.
Il est clair que The Outer Worlds assume pleinement ses choix, et par ce fait les joueurs.euses auront un retour binaire. Vous allez aimer ou détester. Bien sur le jeu n’est pas exempt de défauts comme par exemple le manque de diversité en intérieur, sauf au sein du Précurseur, ou encore la faible difficulté des combats, surtout si vous trainez partout, qui peut frustrer (je conseil de démarrer dans le mode de difficulté le plus dur pour les habitués, cela enrichi vraiment le plaisir de jeu).
Les compagnons aussi sont pas forcément très intelligents et mourront bêtement en combat, ce qui est dommage car ils sont tous intéressants (a l’exception de SAM peut-être), leurs quêtes personnelles aussi, ainsi que leurs orientations politiques et personnelles (Max et Ellie se fritteront souvent par exemple).
Sur Xbox One X le jeu ne souffre de presque pas de ralentissements, mais la carte est une vraie plaie. Elle met bien trop de temps à charger et se déplacer dessus est une gageure. De plus sur toute la période de la Vallée D’Emeraude, le curseur de quête était planté, ce qui rendait parfois difficile de trouver l’objectif. Heureusement cela ne s’est pas répercuté par la suite.
Malgré tout ça, The Outer Worlds est un vrai bonheur à jouer, Obsidian a soigné son bébé et on prend plaisir à lire les différents texte ou ordinateur (comme Fallout tiens…) qui sont pour la plupart ni trop long ni trop court. La bande-son discrète mais suffisante ajoute une touche agréable à un ensemble kiffant si vous accrochez à l’univers. Dommage que l’on ne puisse pas plus personnaliser l’Imposteur. Même chose sur la quantité monstrueuse de choses à ramasser ou encore la bêtise des PNJs quand on vole allégrement devant eux sans plus de réaction.
The Outer Worlds est pour moi une belle réussite, il propose un monde riche où personne n’est ni blanc ni noir, mais une multitude de nuances de gris. Via le système solaire Halcyon il donne une vision cinglante et cynique de mondes sous l’égide autoritaire de corporation ainsi que d’une religion basée sur la science (sic) mais aussi simple à détourner que les autres.
Obsidian a réalisé un excellent jeu avec un budget limité qui, à mes yeux rhabille Fallout pour l’hiver ! Tant mieux il était temps que l’on bouscule le mastodonte.
Serez-vous un gentil Ian Solo ? Un Malcom Reynolds aigri et centré sur son équipage ou un pourri absolu ? Aiderez-vous les corporations ou Phinéas ?
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !