Ah, l’époque bénie de l’Early Access… où Starship Troopers : Extermination baignait encore dans une lueur dorée, ses défauts acceptés avec la bienveillance qu’on réserve à un chiot maladroit. Certes, l’action se répétait à l’infini, mais on parle de Starship Troopers ici. Entre la chasse aux insectes et la défense de positions, il n’a jamais été question de philosophie complexe ou d’une activité autre que vider des chargeurs sur des hordes d’adversaires enragés. Après avoir monté quelques barricades sous l’ombre de l’arrivée imminente des envahisseurs, on se sentait presque héroïque… ou suicidaire, au choix.
Les joueurs, il faut le dire, sont des créatures aux désirs aussi complexes qu’un sandwich au jambon : filez-leur un arsenal bien garni, balancez-les dans le chaos, et ils vous seront éternellement reconnaissants. Dans ce domaine, le jeu ne déçoit pas. L’imagerie du film culte est soigneusement respectée : on voulait tirer sur des insectes géants, on a tiré sur des insectes géants, mission accomplie. D’ailleurs, c’est tellement fidèle à l’original qu’on commence à se poser des questions… mais ça, on en reparlera.
Les problèmes d’optimisation ? Bah, on était en accès anticipé, donc un écran qui toussote de temps à autre, ce n’est pas si grave, non ? Oui, une légère lassitude après avoir repoussé la énième vague d’insectes, mais rien de bien méchant, on continuait à jouer avec enthousiasme. Quant aux armes, certaines auraient sûrement mérité un petit ajustement (le recul qui vous envoie valser dans la stratosphère, c’est peut-être un poil exagéré), mais on était indulgents. Après tout, en Early Access, tout est pardonné… ou presque.
En attendant, on s’accrochait à nos espoirs, discutant avec les développeurs comme une communauté en quête de rédemption collective. On leur expliquait nos petits tracas, confiant qu’ils allaient entendre notre appel, non pas comme des plaintes isolées, mais comme une symphonie d’attentes non comblées.
Et puis, arrive la tant attendue version 1.0… avec son lot de surprises, un prix qui gonfle comme un thorax alien, et plus de contenu, certes, mais aussi plus de problèmes. L’espoir, lui, s’évapore doucement comme un insecte sous un lance-flammes, et il est grand temps de faire le bilan. Si, après avoir patienté pendant des mois, vous vous retrouvez avec une optimisation encore plus déplorable que celle de l’Early Access, il est temps de se poser deux ou trois questions sérieuses. D’autant que nous ne parlons pas d’un chef-d’œuvre visuel ici. Non, le jeu nous propose des décors d’une beauté… disons « minimaliste » — des étendues stériles et des grottes aussi accueillantes que la queue d’une comète. Mais bon, après tout, les insectes géants ne vivent pas à Disneyland non plus.
Prenons un instant pour parler de ce fabuleux « nouveau contenu » qui, dans le langage courant, signifie « plus de trucs à faire », mais ici se traduit par un mode solo/tutorial où l’on enchaîne des missions aussi palpitantes qu’une file d’attente à la poste. Le tout est saupoudré de bugs non résolus, comme ces créatures extraterrestres qui, parfois, semblent avoir abandonné toute velléité de résistance, se tenant immobiles en attendant d’être hachées menu par vos armes. Et à propos de ces armes… souvenez-vous du recul exagéré de la version précédente ? Eh bien, bonne nouvelle ! Il est encore pire maintenant, de quoi transformer chaque tir en une aventure orbitale imprévue. Bref, le plat est servi, mais il est à peine tiède, loin des promesses flamboyantes qu’on nous avait faites.
Mais, une petite lumière dans ce tunnel de déceptions : la coopération fonctionne. Oui, il est toujours possible de partager cette expérience… déconcertante avec d’autres. C’est déjà ça.
Cependant, parlons un peu du scénario. Vous vous souvenez de l’ironie délicieuse qui imprégnait le film original ? Ce niveau de satire qui faisait de Starship Troopers plus qu’une simple « guerre contre des vilains extraterrestres » ? Eh bien, ici, on l’a rangé soigneusement dans un placard pour donner place à une ambiance bien trop sérieuse. On en viendrait presque à croire que les joueurs sont réellement convaincus de leur noble mission en plongeant tête baissée dans des missions de conquête. Alors que la satire, cette essence même de la série, semble avoir été laissée de côté, ne pointant le bout de son nez que par moments, à peine perceptible entre deux vagues d’insectes.
En conclusion, Starship Troopers : Extermination respecte l’univers original… en surface, tout en s’éloignant de ce qui le rendait si spécial. Un jeu qui, à vouloir trop bien faire, finit par nous offrir une expérience à la fois bancale et incompréhensiblement sérieuse, là où un peu plus de recul (et de stabilité, au passage) aurait fait des merveilles.
Ne vous méprenez pas, Starship Troopers : Extermination n’est pas un mauvais jeu. Si nous avons passé du temps à disséquer ses défauts, c’est parce qu’il le mérite bien après une longue période en accès anticipé, durant laquelle il a eu tout le loisir de nous montrer de quoi il était capable… ou incapable. Mais rendons à César ce qui appartient à César : tous les éléments qui ont fait frémir nos cœurs de soldats de l’espace sont toujours là. Que ce soit l’attention aux mécaniques de jeu, le gameplay frénétique ou encore le système de construction de base qui, il faut bien l’avouer, exige une vraie stratégie pour optimiser vos défenses et améliorations, tout y est. D’ailleurs, il y a des moments où le nombre d’ennemis est tellement élevé que ça en devient franchement inquiétant, limite angoissant. Une belle performance dans ce domaine !
En fait, le titre d’Offworld Industries fonctionne très bien, pourrait-on même dire trop bien. Entre les armes à améliorer, les compétences de classe et ce sentiment de terreur pure qui vous saisit quand vous êtes encerclé par des hordes d’insectes affamés, le jeu vous plonge dans une atmosphère d’oppression saisissante. En coopération, c’est là que le jeu déploie vraiment ses ailes, reléguant le mode solo/tutoriel à une simple formalité ennuyeuse. Construire et défendre des avant-postes avec ses camarades ou choisir les meilleurs endroits pour affronter la menace, voilà où se cache toute la magie.
D’ailleurs, si vous aimez la coopération intense, Starship Troopers : Extermination est un vrai régal, même avec un concurrent de taille comme Helldivers 2, qui n’a pas hésité à piocher généreusement dans l’héritage de Starship Troopers. Malheureusement, avec la sortie de la version 1.0, on espérait un saut en avant héroïque, une avancée spectaculaire… mais on s’est plutôt retrouvé avec un petit bond, à la hauteur d’une sauterelle asthmatique.
Le nouveau contenu, bien qu’intéressant, reste encore trop brut et mérite d’être poli pour briller pleinement. Le jeu est là, indéniablement, mais il reste encore du travail avant qu’il n’atteigne les sommets qu’on espérait. Un bon jeu ? Oui, absolument. Un jeu à perfectionner ? Encore plus.
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Si vous avez toujours rêvé de devenir un fantassin de l’espace, enfonçant vos bottes dans le sol stellaire pour affronter des bestioles géantes tout en servant les sombres intérêts d’un gouvernement aussi louche qu’une boîte de sardines périmées, alors Starship Troopers : Extermination est le ticket de sortie de la réalité que vous attendiez. Mais attention, la version 1.0 vous réserve quelques surprises... et pas forcément des bonnes. Au lieu d'améliorer l'expérience, elle semble avoir ajouté des bugs aussi monstrueux que vos ennemis insectoïdes. Certes, avec un peu plus de soin dans certains aspects du gameplay, le jeu aurait pu être encore plus captivant, mais bon... qui a dit que sauver l’humanité devait être une partie de plaisir ?
Yakudark