Immiscez-vous dans la peau d’un nouvel élève poussé vers un destin inattendu quand il découvre l’existence d’une heure « cachée » entre un jour et le suivant… Éveillez un pouvoir irréel et percez les mystères de l’Heure sombre. Combattez avec vos amis et laissez à tout jamais votre empreinte dans leur mémoire. Découvrez le jeu phare de la série Persona fidèlement remodelé avec des graphismes dernier cri, toutes les fonctions d’un jeu moderne et une interface toujours aussi stylisée.
Le récit de Persona 3 Reload demeure indubitablement son élément le plus solide. Toute l’histoire gravite autour de thèmes extrêmement sombres et difficiles à aborder, tels que la dépression et le suicide. L’imagination générale n’est qu’une toile de fond pour des personnages d’une profondeur rare, que beaucoup considèrent encore parmi les plus « humains » et les plus réussis de toute la saga. Bien sûr, le titre a pris de l’âge, et quelques faiblesses subsistent dans son écriture, mais il parvient toujours à exercer une emprise incroyable, surtout vers les étapes finales.
Lors de l’approche de la version Reload, l’équipe avait plusieurs options pour traiter le jeu : élargir simplement la campagne initiale pour mieux la délimiter sans changements majeurs, ou perturber les parties de l’intrigue moins performantes pour les perfectionner. Le choix a été conservateur, au point que la grande majorité des événements reste presque inchangée. Cela inclut même les liens sociaux moins réussis, qui, pour les non-initiés à la série Persona, sont des liens étroits que le protagoniste établit avec divers personnages tout au long de l’aventure. Ces liens nécessitent une gestion stratégique pour obtenir autant d’avantages que possible en planifiant correctement les activités pendant les jours d’un calendrier qui avance sans arrêt. Bien que certains liens sociaux soient bien développés et agréables, d’autres restent en deçà… En fait, dans Persona 3 Reload, un couple est tristement connu pour ne pas offrir grand-chose d’autre que de l’ennui. En revisitant ce remake aujourd’hui, on remarque que certains choix de dialogues des liens sociaux sont encore ennuyeux et non motivés, se développant de manière irritante avant de prendre enfin du sens dans les dernières étapes du lien. Une intervention plus décisive sur certains événements aurait été appréciée, mais on comprend les raisons pour lesquelles l’équipe a évité de prendre des risques excessifs avec les fans.
Cependant, l’entretien des parties moins réussies s’accompagne de divers ajouts agréables, rendant le déroulement du récit plus fluide et appréciable, surtout dans les premières heures. Le jeu a été enrichi en épisodes de liens sociaux et d’autres événements qui explorent les motivations et les personnages principaux, apportant un éclairage supplémentaire à certaines de leurs actions. Bien que ces ajouts ne soient pas révolutionnaires, ils restent appréciables et renforcent certains moments du jeu. Dans l’ensemble, les ajustements dans ce domaine sont positifs; bien que les phases initiales restent un peu lentes, les quelques faux pas échouent à miner une histoire qui demeure parmi les meilleures en termes de caractérisation. Cependant, en ce qui concerne la structure générale, il y a beaucoup à discuter.
Persona 3 Reload, tout comme le jeu original et la plupart des autres opus de la série, adopte une structure assez peu atypique pour un JRPG. Il divise la narration de manière significative entre la lutte sociale, où le protagoniste interagit avec divers coéquipiers et approfondit les liens sociaux déjà établis, et les phases de combat. Contrairement à de nombreux représentants du genre qui se concentrent principalement sur l’action, les jeux Persona accordent une importance considérable aux éléments « divins », souvent plus complexes à gérer que les autres aspects du jeu.
Ces particularités sont ce qui rend la saga si populaire, mais un schéma similaire comporte autant de forces que de faiblesses. D’une part, il accentue l’importance de la narration et de l’immersion dans le monde du jeu, mais d’autre part, cela a parfois conduit la série à négliger certains aspects ou à les traiter avec moins de soin que d’autres. Persona 5 a été le jeu qui a largement résolu ce problème en introduisant les palais et en les intégrant de manière spirituelle à la formule, accordant plus d’importance à la gestion des ressources et aux stratégies en combat. Cependant, Persona 3, avec son labyrinthe vertical connu sous le nom de Tartarus, reste critiqué pour sa nature répétitive.
Dans Persona 3 Reload, le Tartarus a subi des retouches significatives, bien que sa transformation ne le place pas au niveau des palais décrits précédemment. Bien que le donjon ait été entièrement redessiné et soit maintenant visuellement splendide, les cartes restent fondamentalement basiques, et les objectifs peuvent devenir ennuyeux rapidement, surtout si l’on tente d’optimiser le temps pour atteindre les étages les plus élevés. Malgré quelques batailles contre des adversaires plus significatifs et des « Doud Doors » offrant des défis spéciaux, ces ajouts ne parviennent pas à apporter l’excitation nécessaire. De plus, la facilité accrue du Tartarus, due à une baisse générale de la difficulté, rend la gestion des ennemis plus trivial, mais nous aborderons ce point plus en détail lors de l’examen des changements de gameplay. Cependant, le Tartarus peut rester agréable si abordé de manière détendue, sans attendre une révolution complète si le donjon ne vous a pas séduit dans le titre original.
Les liens sociaux restent une partie centrale de l’aventure, bien que leur gestion demeure délicate. Certains liens, comme celui de Kenji, auraient peut-être mérité une révision narrative, mais dans l’ensemble, ce sont des sous-trames agréables à suivre.
Pour ceux qui ne sont pas fans de la rigidité des liens sociaux et du calendrier, le jeu offre une marge de manœuvre seulement marginalement accrue. De nombreuses phases du calendrier restent guidées par des événements préétablis. Bien que les phases nocturnes offrent davantage d’options d’action grâce aux ajouts déjà mentionnés et à quelques jours supplémentaires pour développer les liens, maximiser les relations avec les PNJ dès la première course reste un défi en raison du nombre accru d’événements et de la possibilité de faire des erreurs lors des réponses. Même en appliquant des stratégies similaires à un « jeu parfait » du titre original, il est difficile de voir tous les nouveaux épisodes de liens tout en évitant quelques erreurs avec certains personnages.
Dans l’ensemble, on aurait souhaité une révision plus audacieuse des fondements du jeu et une plus grande liberté à certaines étapes. Néanmoins, la boucle de Persona reste un remède efficace, qui continuera à vous captiver dans Persona 3 Reload.
En ce qui concerne le gameplay, l’intervention a été beaucoup plus massive, transformant la formule de Persona 3 Reload en une sorte de copie carbone de celle vue dans Persona 5. Lorsque nous parlions dans le paragraphe précédent du « besoin de maintenir des ressources », nous ne faisions pas référence à la fatigue, un mécanisme du jeu original qui nous obligeait à calculer soigneusement quels personnages amener dans le Tartarus en fonction de leur état de santé. Au lieu de cela, il s’agit du besoin classique de surveiller les SP, les points nécessaires pour utiliser les compétences de chaque combattant. Comme dans Persona 5, ces points sont précieux et se régénèrent principalement par l’utilisation de consommables. Ainsi, l’exploration sans problème du donjon principal dépend moins de la difficulté des ennemis que de la capacité du joueur à les éliminer en dépensant le moins possible de ressources.
Le système de combat tourne désormais davantage autour des faiblesses des ennemis et de la gestion des ressources. Avec un peu d’expérience, cependant, vous pourrez devenir presque inarrêtable.
Les coéquipiers, bien qu’initialement programmés pour combattre automatiquement avec diverses routines comportementales, sont maintenant utilisables manuellement sans problème pour favoriser le contrôle du « système un plus » à la base de la correspondance des Personas. En bref, il s’agit d’un ensemble de mécaniques conceptuellement proches du système Megami Tensei, mais généralement plus accessible et direct, permettant de contourner les ennemis en exploitant leurs faiblesses pour obtenir un tour supplémentaire, et d’initier des exécutions puissantes en série. Les faiblesses sont si centrales dans le système que les batailles de base deviennent une promenade de santé une fois qu’elles sont découvertes. Le combat, après un peu de pratique, commence à ressembler davantage à une exploration des donjons qu’à des affrontements contre de vrais adversaires.
C’est une amélioration significative par rapport à l’idée de base, rendant les batailles beaucoup plus variées. Cependant, ce changement a été mis en œuvre avec quelques erreurs de calcul gênantes. Bien que la gestion des ressources soit assez difficile dans la première moitié du jeu, les choses deviennent incroyablement faciles à ajuster dès que vous obtenez des Personas avec des attaques physiques suffisamment puissantes, les capacités de scan de Fuuka Yamagishi, ou que vous commencez à récupérer des objets qui régénèrent la rotation de SP. Pour faciliter davantage l’expérience, deux nouvelles mécaniques ont été introduites : le Shift et la Théurgie, cette dernière semblant littéralement briser certaines batailles.
Le Shift permet simplement de passer d’un personnage à l’autre après une chevauchée ou un coup critique, une compétence puissante mais essentiellement une version dégradée du Baton Pass de Persona 5. En revanche, la Théurgie est une supermouvement disponible pour chaque personnage, remplaçant les Compétences de fusion du jeu original pour le protagoniste. Le problème est que cette capacité n’a pas de coûts en SP, se recharge rapidement, et chacun des combattants a une Théurgie différente. Quand vous l’utilisez, vous déchaînez des attaques puissantes, même contre des adversaires avec des résistances problématiques. Cependant, cela aurait été plus intéressant d’obliger le joueur à prendre en compte les résistances même lors de l’utilisation de ces coups, ce qui aurait ajouté un niveau de défi au combat.
Le véritable défi reste présent lors des principales batailles aux difficultés plus élevées, mettant le groupe contre des boss résistants, nécessitant des tactiques précises pour survivre. Même parmi les adversaires de la Monade, certains affrontements peuvent être exigeants, mais le reste constitue une marche de santé pour quiconque a une expérience minimale avec le genre. C’est dommage, car une difficulté plus élevée aurait rendu les phases avancées du Tartarus plus agréables et moins répétitives, et une Théurgie plus réglementée aurait mieux intégré les systèmes fondamentaux. L’intention semble avoir été de donner au joueur autant d’outils que possible pour faire face aux combats en toute liberté, sans trop inquiéter les vétérans de la série. Cependant, il est important de souligner que notre critique n’est pas un rejet total, car Persona 3 Reload n’est certainement pas un JRPG basique. Son système de combat reste excellent, et le cycle de récupération et de fusion des Personas continue à offrir une expérience de jeu divertissante. Cependant, il y a une légère amertume en raison du potentiel que la nouvelle mécanique aurait pu exprimer avec quelques précautions supplémentaires.
Il est impossible de ne pas saluer la nouvelle direction artistique de Persona 3 Reload. À sa sortie, chaque opus de la série devient automatiquement le jeu le plus stylisé de son genre, et ce remake ne fait pas exception. La nouvelle interface se marie parfaitement avec l’univers du jeu et ses thèmes, surpassant parfois (à son tour stratosphérique) celle de Persona 5. Le travail accompli est exceptionnel, démontrant que les artistes d’Atlus sont en avance de dix ans sur toute la concurrence dans ce domaine. Il reste difficile de comprendre comment ils ont atteint un niveau aussi élevé.
Ce n’est pas seulement en mouvement que le jeu mérite des éloges. Malgré quelques limitations du moteur conduisant à des animations parfois gênantes pendant les scènes d’interludes, la révision globale des cartes de l’original à un niveau de qualité exceptionnel est véritablement remarquable pour les amateurs de la série. Les restylages des personnages ne sont pas en reste, et rarement un RPG japonais a autant de charisme visuel. En plus de cette beauté, de nombreux efforts ont été consacrés aux nouvelles scènes de l’interlude animé et aux cinématiques refaites en utilisant le moteur 3D du jeu. Atlus n’a pris aucun raccourci dans le développement de ce remake, à l’exception du choix de ne pas inclure le DLC principal appelé The Answer. Le nouveau look graphique est un véritable enchantement.
La bande-son mérite un chapitre à part, étant elle-même excellente. Bien différente de celle du cinquième opus, la musique de Persona 3 Reload offre un arrangement impeccable des pièces originales, avec le retour du rappeur japonais Lotus Juice (qui avait déjà participé au précédent) et l’ajout d’un nouveau chanteur pour les chansons chantées. La musique originale de Persona 3 était déjà parfaite pour l’histoire du jeu, mais dans ce remake, elle parvient à accompagner les événements de la campagne de manière encore plus harmonieuse, ajoutant à l’ensemble une dimension auditive fantastique.
En conclusion, en ce qui concerne la longévité, Persona 3 Reload, avec sa multitude d’événements et l’expansion du Tartarus, est tout sauf un jeu court. Pour le compléter, prévoyez facilement plus de 70 heures, même si le contenu reste fidèle à celui du titre original. Assurez-vous d’avoir le temps nécessaire si vous décidez de plonger dans cet univers captivant.
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Persona 3 Reload peine à exploiter pleinement le potentiel du jeu original, en laissant trop de ses éléments structurels moins réussis inchangés, et en osant peu en termes de dialogues et de changements d'événements. Néanmoins, le jeu s'appuie sur des fondations si solides qu'il demeure toujours agréable pour n'importe quel joueur. Le travail accompli par Atlus sur la mécanique et le secteur technique a réussi à moderniser de manière significative le jeu. Ces améliorations sont suffisantes pour susciter l'envie de replonger dans l'univers de Persona 3, car l'histoire mérite d'être revisitée à maintes reprises, surtout dans un package aussi bien entretenu et abouti.
Yakudark