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Fantasian : Neo Dimension – Quand Sakaguchi et Yoshida réécrivent le destin du JRPG

Imaginez Hironobu Sakaguchi et Naoki Yoshida, deux titans du JRPG, attablés autour d’un bon dîner. D’un côté, le père de Final Fantasy, parti voguer vers Mistwalker après avoir quitté Square Enix il y a des lustres. De l’autre, le sauveur de la saga, devenu une légende grâce à son travail titanesque sur Final Fantasy XIV. Entre deux bouchées, Sakaguchi confie son rêve : faire renaître Fantasian, son dernier bébé, lancé timidement sur iOS en 2021, et le présenter enfin à un public digne de ce nom. Yoshida, emballé, propose de lui donner un coup de pouce en le confiant aux équipes de Square Enix.

Ainsi naît Fantasian : Neo Dimension. Mais attention, ce n’est pas une bête copie de l’original mobile. Yoshida, fin stratège, impose un plan : une version unique, complète, avec des ajouts soigneusement dosés pour séduire les joueurs modernes sans trahir l’essence du jeu.

Disponible désormais sur consoles et PC, Fantasian est prêt à conquérir les cœurs. Mais une question subsiste : Fantasian est-il vraiment un incontournable ? Oui, tout le monde peut y jouer. Mais faut-il absolument le faire ?

Pour les fans de JRPG old-school, la réponse est sans doute un grand « oui ». Pour les autres, c’est une question de goût… et de portefeuille.

Fantasian : Neo Dimension – Quand Sakaguchi flirte avec l'amnésie et la nostalgie

Ah, l’amnésie, ce bon vieux cliché des JRPG. Même Hironobu Sakaguchi, pourtant réticent, n’a pas pu résister à la tentation. Dans Fantasian : Neo Dimension, le joueur incarne Leo, un jeune homme frappé d’amnésie (évidemment), qui voyage entre des dimensions pour retrouver ses souvenirs et contrer la « mechteria », un virus techno-organique qui dévore le monde. Mais ne vous inquiétez pas, Sakaguchi prend rapidement ce trope à la légère : l’amnésie devient un running gag que même les protagonistes ne prennent plus au sérieux, à mesure que l’intrigue bascule dans l’absurde.

Une galerie de personnages… et un soupçon de Final Fantasy VI

Leo n’est que la première pièce d’un puzzle narratif bien plus complexe. Il est rejoint par Kina, une mystérieuse jeune fille aux pouvoirs magiques, Cheryl, une princesse pragmatique mais étouffée par le protocole, le capitaine Zinikr, et Ez, un inventeur excentrique. D’autres personnages viendront enrichir l’aventure, mais chut, pas de spoilers ici. Ce casting, introduit avec soin, rappelle les récits choraux de Final Fantasy VI. Entre la bande de héros dépareillés et les thèmes d’opposition à des forces surnaturelles, les similitudes sautent aux yeux.

Cependant, là où Fantasian pêche un peu, c’est dans la caractérisation des antagonistes. Prenez Vam, l’un des principaux méchants : il est mauvais parce que… eh bien, parce que c’est son job. Heureusement, la mythologie du jeu est suffisamment bien ficelée pour compenser cette faiblesse.

Une narration qui mise sur l’essentiel

Sakaguchi joue sur l’équilibre : des dialogues percutants et des interludes façon visual novel permettent d’approfondir les personnages et leurs relations. Ces moments, souvent facultatifs, rappellent l’approche narrative de Lost Odyssey. Le jeu est également enrichi par un doublage de qualité, avec des voix anglaises et japonaises. Naoki Yoshida, toujours soucieux de l’expérience joueur, a insisté pour que Fantasian soit doublé, et il avait raison : cela donne vie à un casting qui nous confie aussi des quêtes secondaires, reconnaissables grâce à des icônes sur la carte.

Ces missions, bien que dispensables pour l’intrigue principale, offrent des récompenses sympathiques comme des accessoires ou des fonctionnalités supplémentaires. Comptez une cinquantaine d’heures pour boucler l’aventure à 100 %, un temps qui passe vite grâce à des mécaniques bien pensées comme la téléportation et le fameux « Dimengeon », une idée originale qui enrichit l’exploration.

Un JRPG qui conjugue tradition et modernité

Fantasian : Neo Dimension est un hommage aux JRPG classiques, mais avec une exécution moderne. Sakaguchi nous prouve qu’il n’a rien perdu de son flair pour raconter des histoires, même si quelques faiblesses subsistent. Entre son casting attachant, son gameplay soigné et sa narration immersive, le jeu offre une expérience mémorable, surtout pour les nostalgiques de l’âge d’or des JRPG.

Alors, faut-il jouer à Fantasian ? Si vous êtes fan de Sakaguchi ou de Final Fantasy VI, c’est un grand oui. Pour les autres, l’amnésie de Leo pourrait bien devenir la vôtre.

Fantasian : Neo Dimension –Des ajustements bienvenus, mais une difficulté parfois capricieuse

Lancé en 2021 sur iOS en deux parties, Fantasian revient sous une forme unifiée avec Neo Dimension, une version peaufinée par Square Enix. L’objectif ? Réparer les défauts de la seconde moitié, largement critiquée à l’époque, et offrir une expérience cohérente et accessible sur consoles.

Square Enix a retravaillé l’équilibre global du jeu, surtout dans sa seconde moitié. Résultat : une progression plus fluide, mais aussi quelques pics de difficulté surprenants. Les ennemis et boss deviennent soudainement coriaces, forçant les joueurs à exploiter des mécaniques de renforcement et d’affaiblissement souvent ignorées dans les JRPG classiques. Heureusement, un système de double difficulté permet de basculer entre un mode normal et un mode plus exigeant, satisfaisant ainsi les néophytes comme les vétérans.

Le système de combat, fidèle à l’héritage de Sakaguchi, reste au tour par tour. Chaque personnage a un rôle bien défini : Zinikr est le tank, Kina la soigneuse, et ainsi de suite. Mais une subtilité vient enrichir la stratégie : certaines attaques peuvent être dirigées ou courbées pour toucher plusieurs ennemis. Cette mécanique, essentielle face aux boss, ajoute une couche de réflexion bienvenue.

Les équipements – armes, armures et bijoux – apportent des bonus stratégiques, tandis que les « cartes de croissance » permettent de personnaliser chaque personnage en attribuant des points de compétence. Une profondeur qui ravira les amateurs de min-maxing.

Le Dimengeon : innovation ou gadget ?

Pour gérer les combats aléatoires, Fantasian introduit le Dimengeon, un système qui piège les ennemis dans une dimension parallèle. Plutôt que de combattre chaque monstre immédiatement, vous pouvez les accumuler et affronter tout le groupe en une seule bataille. Cela permet de choisir entre des affrontements éparpillés ou un combat massif et risqué, mais plus lucratif en récompenses.

Si le Dimengeon est une idée astucieuse, il ne masque pas totalement l’aspect répétitif des rencontres aléatoires, un choix de design qui peut sembler daté en 2024. Une option pour accélérer les animations aurait également été la bienvenue, car le rythme des combats reste un peu lent.

Un diorama vivant : la magie des décors

Les environnements de Fantasian sont de véritables œuvres d’art. Les décors, créés à partir de photographies de dioramas physiques, offrent une esthétique unique. Cependant, le contraste entre ces arrière-plans 2D magnifiquement détaillés et les modèles 3D des personnages – soignés pour les héros, mais moins travaillés pour les PNJ génériques – peut dérouter.

Le résultat final est néanmoins impressionnant, rappelant les meilleures heures des JRPG d’antan. Mais cette richesse visuelle a un coût : des ralentissements notables, surtout sur Nintendo Switch dans les zones les plus complexes. De plus, les temps de chargement parfois longs viennent ternir l’expérience.

Une bande-son entre nostalgie et modernité

Nobuo Uematsu signe une bande-son mémorable, fidèle à son style. Et pour les fans de Final Fantasy, Neo Dimension propose même d’écouter des morceaux issus des récents Rebirth, Remake et Final Fantasy XVI pendant les combats. Une touche de fan-service qui fait mouche.

Fantasian : une expérience à ne pas manquer ?

Fantasian : Neo Dimension est une lettre d’amour aux JRPG classiques, avec des ajustements modernes pour séduire un public contemporain. Malgré quelques défauts techniques, notamment sur Switch, le jeu reste une expérience incontournable pour les amateurs du genre.

Si vous êtes prêt à pardonner ses ralentissements et son design parfois old-school, Fantasian saura combler ce vide dans votre bibliothèque. Une œuvre qui rappelle pourquoi Hironobu Sakaguchi reste une légende du JRPG.

NOTRE AVIS

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Hironobu Sakaguchi, ce vieux briscard du JRPG, revient avec Fantasian : Neo Dimension, une œuvre qui transpire l’expérience, le talent et une sensibilité artistique qu’on croyait réservée à ses débuts. Même après avoir changé d’équipe et fondé Mistwalker, Sakaguchi reste fidèle à son héritage. Ce jeu est un clin d’œil appuyé à Final Fantasy, une lettre d’amour aux fans des premières heures, tout en étant une évolution naturelle du genre. Si vous êtes nostalgique des JRPG d’antan, Fantasian est une invitation à replonger dans cet univers, mais avec une touche de modernité. La version console et PC ne révolutionne pas l’édition originale sortie il y a quelques années, mais elle offre la manière la plus aboutie de découvrir cette aventure. En résumé, si les vieux Final Fantasy vous collent encore des étoiles dans les yeux, Fantasian mérite une place dans votre collection. Sakaguchi n’a peut-être pas réinventé la roue, mais il lui a donné un sacré coup de peinture nostalgique.

Yakudark

BONS POINTS

  • Les signatures inimitables de Sakaguchi et Uematsu
  • Système de combat au tour par tour intelligent et réfléchi
  • Les magnifiques arrière-plans pré-rendus

MAUVAIS POINTS

  • Le récit néglige un peu trop les antagonistes
  • Quelques contenus supplémentaires

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