Si vous suivez l’actualité de Nintendo et si vous êtes amateur de J-RPG, il est surement inutile de vous présenter Octopath Traveler. De même, si vous nous suivez assidument, vous avez surement lu notre preview du jeu. Dans le cas contraire, ce n’est pas bien mais voici donc un petit récapitulatif. Octopath Traveler est le nouveau bébé des créateurs de Bravely Default et en suit l’exemple. RPG old school au tour par tour, il avait de quoi redonner le sourire après les échecs des dernières productions Square Enix en matière de RPG. Si notre preview nous avait laissé plutôt confiant, qu’en est-il une fois plus de temps passé sur le jeu? Le soft se révèle-t-il être le merveilleux voyage promis? Réponse dans ces quelques lignes.
Commençons d’abord par ce que tout le monde sait déjà et par un point qui divise la communauté: les graphismes et l’orientation choisi de la 2D-HD. Cette dernière est magistrale. Jamais on n’avait vu une telle qualité de détails et de minutie sur un jeu aspect 2D. Tout y est pour faciliter l’immersion totale, des murs en briques détaillées, l’ombre projetée de volets à moitié ouverts, les effets de lumière à travers les arbres de la forêt, tous les décors sont somptueux. Chaque village, chaque ville, chaque environnement est merveilleusement représenté et nous projette dans son ambiance sans le moindre mal. Le mélange 2D et 3D rends les environnements vivants et crédibles, de la fougère qui tremble sous le vent à l’impression de chaleur par le flou affiché, Octopath Traveler sublime une orientation entamée par Bravely Default.
Chaque environnement est une invitation au voyage pour un jeu dont c’est le thème, le pari est plutôt réussi. Ce dépaysement est aussi souligné par les musiques absolument enivrantes de cette aventure. Yasunori Nishiki compose là une bande sonore qui frôle le génie et qui s’adapte parfaitement à chaque situation, chaque environnement et chaque personnage. L’envolée lyrique des musiques de la basilique de Ophilia, les thèmes de combat, ou les musiques du désert, toutes sont plus marquantes les unes que les autres. Octopath Traveler propose surement l’une des BO les plus marquantes de cette année et elle sera probablement dans la plupart des playlist.
Maintenant que la promesse du voyage est remplie, le respect des codes du classique old school l’est il aussi? Et bien oui. Outre les villages, villes, auberges, armurerie et autres éléments clés de tout bon RPG, Octopath Traveler nous propose un système de combat au tour par tour, simple, efficace mais aussi tactique et corsé. En effet, si le système semble accessible au premier abord, il n’en est pas moins corsé en pratique. En effet, vous aurez à l’écran, en dehors de votre barre de vie et de PT, une ligne de temps représentant l’ordre d’actions des personnages sur ce tour et le suivant. Il vous faudra donc jouer en anticipant le tour à venir. Pour cela, vous aurez bien évidemment accès à des attaques basiques et des aptitudes utilisant les PT. Mais, un peu à l’image de Bravely Default, vous aurez un système de faille et d’exaltation. Qu’est ce que c’est? Le système de faille consiste à sonner un ennemi pour ce tour et le suivant. Pour cela, il faudra jouer sur ses faiblesses pour faire diminuer son niveau de bouclier.
Entendez par là que si son niveau de bouclier est de deux, il faudra l’attaquer deux fois sur ses faiblesses pour le mettre en faille. Les faiblesses sont à découvrir (certaines aptitudes peuvent vous aider) mais demeurent une fois trouvée. Et le système d’exaltation consiste en des attaques multiples ou chargées. En effet, en utilisant des points d’exaltation que vous accumulez à chaque tour, vous pouvez concentrer une magie ou cumuler des attaques jusqu’à 4 fois. Cela peut donc vous permettre de diminuer jusqu’à 4 fois le niveau de bouclier d’un ennemi en un seul tour. Cela sera la base de toute la stratégie des combats de ce Octopath Traveler. En effet, vous pourrez ainsi empêcher un boss de lancer sa super attaque en le mettant en faille ou bien lui infliger de lourds dégâts s’il est déjà sonné. Cependant, ce mode exaltation est moins punitif que celui de Bravely Default car il ne vous empêche pas d’attaquer au tour suivant. A vous donc de composer une équipe équilibrée et variée pour faire tomber les niveaux de défense rapidement et efficacement, chaque personnage ayant ses spécialités.
En parlant des personnages et de leurs spécialités, sachez que chaque personnage possède sa classe de base qu’il est impossible de choisir. Guerrier, chasseuse, apothicaire ou encore voleur, toutes ces classes sont définies de base. Cependant, comme dans Bravely Default, vous pourrez en choisir une secondaire pour chaque personnage et ainsi leur apprendre des capacités liées à ces classes secondaires, qu’elles soient actives ou passives. Ce sera à vous de les choisir en dépensant vos points de compétences. Enfin, chaque personnage possède une capacité propre, comme Séduire, Voler, Acheter, Guider, Provoquer etc. Ces actions sont à utiliser sur les PNJ pour interagir avec eux. Cela ne vous servira parfois qu’à déclencher une ligne de dialogue ou récupérer un objet ou quelques sous, mais cela vous permettra surtout de remplir des quêtes annexes par vos différentes actions avec les villageois.
Sachez toutefois que certaines actions ont des conséquences, et si vous ratez trop souvent de mauvaises actions dans le même lieu, comme provoquer un villageois, cela jouera sur votre réputation et vous ne pourrez plus interagir avec les PNJ de cet endroit, à moins de dépenser des sommes astronomiques auprès du tavernier pour qu’il remonte votre réputation.
Cela nous permet donc d’arriver à un autre point fort du jeu, s’il en manquait, la narration et la qualité d’écriture. Autant vous le dire de but en blanc, Octopath Traveler possède surement la meilleure écriture et la meilleure narration de cette décennie, voir même au delà. Chaque personnage possède son histoire avec un background travaillé et bien écrit que vous vivez avec passion. Les thèmes abordés sont parfois léger et drôle, parfois lourd et pesant. Les sujets traités sont à la fois matures et bien racontés, sans jamais tombé dans l’excès, la mièvrerie ou le larmoyant. De la marchande Tressa cherchant à apprendre son métier en voyageant, enchainant les situations légères et cocasses avec humour à la danseuse Primrose qui cherche à venger la mort de son père de la main de mysterieux chevaliers en passant par l’érudit Cyrus qui cherche à connaitre les secrets d’un livre antique, vous irez des plages et océans de la planète au milieu de la prostitution en passant par des ruines anciennes. Chacune des huit histoires est passionnante et racontée avec brio. Cette qualité d’écriture se retrouve aussi dans les quêtes secondaires toutes scénarisées et loin des quêtes Fedex que nous impose souvent le genre.
Ici, pas de haricots à aller chercher pour que Prompto nous fasse une soupe, chaque quête est intéressante dans son écriture et sa réalisation. En effet, vous n’êtes pas pris par la main, pas de marqueur pour vous indiquer la voie, il faudra que vous cherchiez par vous même. Remplir une quête annexe demande d’explorer le monde d’Octopath Traveler et d’interagir avec les PNJ. Pour reprendre l’exemple de la preview, vous rencontrerez un homme qui vous parlera de son père, déserteur des chevaliers de la Rose, persuadé qu’il y a un malentendu et qui cherche a sauver sa réputation. Il vous faudra ensuite parcourir le monde et 4 heures de plus pour rencontrer quelqu’un qui le connaissait et faire avancer la quêtes, au fil de vos pérégrinations.
Alors ce Octopath Traveler ne possède donc aucun défaut? Et bien si, malheureusement il possède quelques défauts qui se révèlent somme toute assez mineurs. En effet, pour continuer dans la qualité d’écriture, on trouvera dommage qu’il n’y ait pas une trame plus globale qui unisse nos huit héros, afin de justifier qu’ils se déplacent ensemble. Ici, rien ne justifie que la danseuse en quête de vengeance s’attarde à chercher le maître d’une chasseuse, ou qu’une apprentie marchande parte à la recherche du grand rival d’un guerrier. De même, l’apparente liberté du monde ouvert est contrebalancé par les niveaux de danger des zones. Il est impossible de suivre l’histoire d’un personnage d’une traite tant le gap de niveau est immense entre deux chapitres, vous obligeant à des heures de levelling ou à faire chaque chapitre de chaque personnage pour une progression fluide, cassant un peu le rythme.
En effet, si vous pensiez avoir trouver votre équipe avec les 4 premiers personnages, vous devriez vous retrouver aux alentours du niveau 15 pour 4 heures de jeu, et le chapitre 2 des personnages demande le level 22 minimum. il faudra donc compter 4h de level up ou aller chercher les autres personnages pour connaitre la suite de l’histoire. Enfin, on regrettera le manque d’interactions entre les personnages, ce qui est une conséquence directe du manque de trame principale et un journal des quêtes un peu fouillis.
En conclusion, passée la déception du manque d’une trame globale et d’une liberté seulement apparente dans la progression, les qualités indéniables de cet Octopath Traveler en font un must have de la Switch pour tout amateur de RPG. Ce jeu est une merveille d’écriture, une ode au voyage de par ses thèmes, ses décors et son OST. On frôle le chef d’œuvre.
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !