Pour ceux qui ne connaîtraient pas la licence Bayonetta, sachez que ce jeu est sorti en 2010 en Europe sur PS3 et Xbox 360. C’est un beat them all édité par Sega, développé par Platinum Games dont le concepteur n’est autre que le papa de Devil May Cry. Huit ans plus tard, après une réédition sur Wii U et en prévision de la sortie du troisième volet, le soft s’offre une nouvelle virée sur la dernière console de Nintendo, la Switch. Que vaut donc cette version, la belle Bayonetta passe-t-elle bien en version portable? Quels sont les apports de cette version Switch? Sans plus attendre, allons répondre à ces questions et bien d’autres.
Une technique datée mais une narration toujours au top
Comme je le disais en introduction, Bayonetta est sorti en 2010 sur PS3 et Xbox 360 et…ça se voit. La version Switch n’étant qu’un simple portage, les graphismes sont les mêmes que la version PS3 et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’était déjà pas la joie à l’époque alors aujourd’hui, cela pique les yeux. On n’en est pas encore aux graphismes de Tomb Raider sur PS1, mais la sexy Bayonetta possède des attributs assez triangulaires rappelant un peu notre Lara de l’époque. Techniquement aussi, l’age se fait sentir, la gestion de la camera est assez erratique, les animations brouillonnes et les cinématiques parfois bordéliques. Sur ma session, j’ai même eu plusieurs bugs de son, la musique disparaissant en plein combat et un retour menu.
Bon alors forcément, en commençant comme ça, je peux paraître un peu décourageant, cependant je peux mettre sur la touche le côté technique un peu daté dans le sens où le jeu date de 2010, mais il fallait le mentionner pour les joueurs qui découvriraient le jeu en 2018 et qui s’attendraient à des graphismes actuels. Heureusement, la force de ce Bayonetta n’est pas dans la technique, mais bien dans le gameplay et la narration ainsi que dans l’ambiance qui s’en dégage. Vous allez donc faire la connaissance de Bayonetta, sorcière de l’Umbra, réveillée d’un sommeil de 500 ans et amnésique. La belle a tout oublié de son passé et devra affronter les hordes du paradis et de l’enfer qui ne cessent de la harceler. Sans vouloir vous spoiler le scénario, au cours de vos pérégrinations, autant de questions se soulèveront à chaque fois que des réponses seront apportées. A chaque Flashback, le complément de réponse apportera une nouvelle interrogation jusqu’à la révélation finale. Si le scénario ne comporte pas de twist de folie, il est néanmoins solide et suffisamment bien narré pour tenir en haleine. Car là est la vraie force de Bayonetta, sa narration. Le personnage de Bayonetta casse les codes établis du genre. Il n’est pas rare de voir la belle envoyer une balle ou un objet du décor en travers de la figure d’un ennemi en plein monologue car Bayonetta est impétueuse, vulgaire parfois, irrespectueuse souvent. Chacune des ses interventions est bourrée d’humour noir, de second degré et d’allusions graveleuses, rendant le personnage aussi détestable qu’attachant.
Un gameplay plus complexe qu’il n’y parait
Niveau gameplay, s’il peut paraître assez basique de premier abord, avec un bouton dédié à l’attaque au poing, un pour l’attaque au pieds, un pour le saut et le dernier pour les armes à distances, ainsi qu’une gâchette pour l’esquive, il se révèle en réalité bien plus complet et complexe que cela. En effet, Bayonetta possède une palette de combos impressionnants et se révélant plus tactiques qu’ils ne laissent le penser. L’esquive par exemple, si elle est réalisée au tout dernier moment enclenchera une sorte de transe de la part de Bayonetta qui ralentit le temps et les ennemis, vous permettant d’enchaîner vos combos dévastateurs et de charger votre barre de magie. Une fois cette barre pleine, vous pourrez lancer des attaques sadiques, sorte de finish move que vous pouvez charger et qui sont tous plus sadiques les uns que les autres. Et croyez moi, cette transe sera votre meilleure alliée dans le jeu, car chaque coup que vous prenez fait baisser votre jauge de vie bien sûr, mais aussi la barre de magie sus-citée. L’attaque sadique se traduisant par une cinématique et un one-shot, elle sera souvent votre bouée de sauvetage au milieu de combats assez ardus.
En effet, il faut savoir que dans Bayonetta, l’ennemi pourra vous attaquer même si vous êtes en plein milieu d’un combo. Le fait d’être en train de se faire trancher par votre Katana ne l’empêchera pas de riposter, de même que l’ennemi qui vient d’apparaître dans votre dos, hors champ de caméra, ne se gênera pas pour vous attaquer pendant que vous vous occupez de son camarade. Nous en arrivons donc à la difficulté du soft. Je vous conseille très fortement de jouer au jeu en mode normal. Deux raisons à cela. La première est que le jeu est assez compliqué et exigeant, même pour un habitué des beat them all, sans pour autant être insurmontable. La deuxième étant qu’en dessous de ce niveau de difficulté, vous passerez à côté de tout le gameplay de Bayonetta qui est, comme dit plus haut, un des points fort du jeu. En effet, en difficulté débutant et facile, les esquives sont automatiques, les combos aussi, vous ne choisissez plus les coups que vous portez et vous vous contentez de traverser les niveaux en bourrinant le même bouton pendant tout le jeu. De même, le gameplay tactile, s’il a le mérite d’être présent, enlève tout intérêt au jeu selon moi. Si le fait de devoir tracer un trait sur l’écran tactile vers l’arrière pour esquiver est intéressant, devoir taper sur l’ennemi pour l’attaquer enlève encore une fois toute diversité dans le gameplay, le jeu choisissant pour vous comment il va attaquer l’ennemi. Enfin, comme il s’agit d’un simple portage, le jeu ne prends pas en charge les amiibos.
Pour ne pas spoiler, nous ne dévoilerons pas le nombre de chapitres, mais sachez qu‘il faudra une dizaine d’heures pour finir le jeu en difficulté normale. Le jeu possédant un système de scoring, les plus acharnés tenteront d’obtenir la récompense de platine pour chaque chapitre, allongeant ainsi la durée de vie. Entre chaque chapitre, un mini jeu de tir vous permettra de débloquer des objets utilisables dans le chapitre suivant, ou bien de convertir vos points en anneaux. Ces derniers sont la monnaie du jeu et vous permettront d’acheter des objets, des compétences ou bien de nouvelles armes dans les portes de l’enfer, le magasin de Rodin, l’un des personnages secondaires que vous verrez tout au long de l’aventure. Une fois le jeu fini, vous débloquerez des extras comme des concepts art ou des modèles 3D pour ceux qui voudraient approfondir leurs connaissances de l’univers. De même, 4 costumes additionnels issus de l’univers Nintendo sont disponibles, mais je vous déconseille fortement de les utiliser lors de votre première partie. Ceux ci remplaçant le skin original de bayonetta dans le jeu mais aussi dans les cinématiques, vous passeriez à côté de certains comique de situation ou de blagues.
Pour vous accompagner dans votre périple, vous disposerez d’une bande son dynamique qui colle parfaitement aux affrontements dantesques que vous devrez braver. En effet, tout est à la démesure dans Bayonetta, un peu comme l’a été Asura’s Wrath. Les ennemis toujours plus gigantesques n’auront d’égale que la cruauté et la démesure des réponses de Bayonetta. Sachez aussi que le jeu est entièrement en anglais (ou japonais) sous titré français. Si le doublage anglais est vraiment très bon, le fait que le jeu ne soit pas traduit peut en rebuter plus d’un tant il est compliqué de lire les sous titres dans la pléthore d’éléments affichés à l’écran. Cependant, il ne devrait pas vous poser de problèmes durant les nombreuses cinématiques qui composent le titre. Ces cinématiques sont d’ailleurs parfois assez longue, dont une suffisamment longue pour que mes joycons se déconnectent et me causent un game over à la reprise du jeu le temps qu’ils se rallument… Car oui, je vous conseille de toujours anticiper la sortie d’une cinématique parce que les ennemis eux, l’anticiperont et vous attaqueront dès que vous reprendrez le contrôle de Bayonetta…
En conclusion, ce portage laisse un goût un peu amer. Le plaisir de jeu est toujours présent et l’humour de Bayonetta passe toujours aussi bien, tout comme ce côté délurée et détaché de tout et son insouciance. Cependant, on aurait apprécié une version plus travaillée et non un simple portage. Les nouveaux venus qui découvriront le soft auront peut être du mal à passer outre la technique datée, alors que les connaisseurs n’auront pas forcément envie de s’infliger cela pour se remettre dans l’ambiance.
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