Si Ravenous Devils m’a appris une chose (en dehors de ne jamais manger de tourte chez un barbier), c’est que l’être humain est prêt à consommer absolument n’importe quoi, tant que c’est joliment emballé avec un ruban rouge et un prix indécent. Du pâté de boucher douteux au smoothie de rate et moelle épinière, tout est vendable – et ça se vend. Dans ce capitalisme cannibale, même les tripes trouvent preneur. Il n’est donc pas étonnant que Blood Bar Tycoon, la dernière folie de Clever Trickster Studio, débarque en brandissant un shaker et une paire de canines bien aiguisées. Parce que oui, mesdames et messieurs, le sang, ça rapporte. Et les vampires, ça investit.
À la manière d’un Ravenous Devils croisé avec un épisode de Buffy sous acide, Blood Bar Tycoon propose une gestion d’entreprise aussi cruelle qu’efficace, où l’hémoglobine est monnaie courante et les clients, parfois, le plat du jour. Adieu les boulangeries bio et les coffee shops à l’ambiance Pinterest : ici, on ouvre un bar à hématies. Le tout avec humour, beaucoup de cynisme, et assez de litres de fluide vital pour repeindre la Tour Eiffel.
Le concept ? Très simple. On vous confie les clés d’un établissement qui vend… du sang. À boire. À cuisiner. À injecter en intraveineuse, probablement. Le jeu ne s’embarrasse pas de subtilités : on assume à 300% le délire vampirique. Pas de ton dramatique ou de romance gothique ici, juste de la gestion bien trash, avec un twist mordant. Vous gérez un bar, bien sûr, mais aussi son back office très… organique : une usine à sang. Comprendre : un sous-sol peu accueillant où les clients les moins futés deviennent à leur insu des produits de consommation.
Tout tourne autour d’un équilibre macabre : attirer la clientèle, l’exploiter sans se faire prendre, et améliorer son empire à base de cocktails mortels et de pièces secrètes remplies de chaînes, de cuves et de systèmes d’extraction sanguine dernier cri. Le tout dans une interface qui rappelle un Theme Hospital possédé par Dracula et son comité RSE.
Les mécaniques de jeu restent classiques pour un tycoon : on construit, on optimise, on jongle avec les ressources, et on essaie de ne pas se faire griller par les chasseurs de vampires – oui, parce qu’évidemment, il y en a. Ces derniers ne sont pas là pour siroter une Margarita O négatif ; ils flairent vos magouilles et viendront mettre leur nez (et leur pieu) là où ça fait mal. À vous d’être plus malin : recrutez des sbires, investissez dans la sécurité, et surtout, tenez les Anciens contents. Ces espèces de consultants vampiriques sont aussi tatillons qu’un prof de fac mal réveillé, mais ils détiennent les clés de votre succès.
On évolue ainsi de quartier en quartier, d’établissement en établissement, avec l’objectif ultime de créer une véritable franchise du sang. Oui, comme Starbucks, mais pour les créatures nocturnes. Chaque chapitre apporte ses contraintes, ses inventions déjantées (mention spéciale à l’extracteur à plasma version steampunk) et ses dilemmes moraux… qu’on balaye vite d’un revers de main, parce que bon, c’est pour le business, hein.
Visuellement, Blood Bar Tycoon ne vous fera pas saigner des yeux, mais il faut aimer les animations un peu raides et les textures qui sentent bon l’early access. Cela dit, ça fait partie du charme. Le style graphique oscille entre le grotesque et le kitsch assumé, comme un vieux dessin animé qui aurait trop regardé Castlevania et Les Razmoket. Mais là où le jeu brille, c’est dans ses petits détails : des dialogues absurdes, des objets personnalisables hilarants (oui, vous pouvez servir du sang dans des chopes de bière sculptées en crâne de rat), et une ambiance sonore qui vous ferait presque claquer des doigts au rythme des gouttes.
Ce n’est pas un jeu “sérieux”. Et c’est tant mieux. Blood Bar Tycoon est une parodie, une satire, un grand délire rouge carmin qui se moque des règles du genre tout en les exploitant habilement. Les amateurs de micro-gestion y trouveront leur compte, les fans de comédie noire aussi. Et les végétariens ? Bon… peut-être moins.
On ne va pas se mentir : Blood Bar Tycoon n’est pas parfait. Quelques bugs subsistent, l’interface n’est pas toujours très ergonomique, et certaines mécaniques auraient mérité d’être un peu plus profondes (à l’image des morsures infligées aux clients). Mais l’expérience reste franchement savoureuse, surtout si on aime les jeux de gestion qui sortent des sentiers battus à la tronçonneuse.
C’est un jeu qui n’a pas peur de se salir les mains, ni de rire jaune – ou rouge, en l’occurrence. Et même si je n’y retournerai sans doute pas pour une deuxième tournée (faute de contenu endgame solide), je ne regrette pas une seule seconde cette première dégustation.
En résumé : c’est absurde, c’est drôle, c’est gore et ça a un vrai goût de reviens-y. À condition de ne pas être trop regardant sur l’hygiène.
Conclusion : Si Blood Bar Tycoon vous donne soif, prenez un Bloody Mary… ou deux. Mais surtout, ne soyez pas surpris si vous vous retrouvez à vouloir ouvrir votre propre bar de sang à la fin du jeu. Bon, peut-être pas, mais il est certain que cette expérience de gestion sanglante est tout sauf ennuyeuse ! À défaut d’un happy hour, le jeu vous propose un happy sang !
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On ne va pas se mentir : Blood Bar Tycoon n’est pas parfait. Quelques bugs subsistent, l’interface n’est pas toujours très ergonomique, et certaines mécaniques auraient mérité d’être un peu plus profondes (à l’image des morsures infligées aux clients). Mais l’expérience reste franchement savoureuse, surtout si on aime les jeux de gestion qui sortent des sentiers battus à la tronçonneuse.
YakudarkC’est un jeu qui n’a pas peur de se salir les mains, ni de rire jaune – ou rouge, en l’occurrence. Et même si je n’y retournerai sans doute pas pour une deuxième tournée (faute de contenu endgame solide), je ne regrette pas une seule seconde cette première dégustation.
En résumé : c’est absurde, c’est drôle, c’est gore et ça a un vrai goût de reviens-y. À condition de ne pas être trop regardant sur l’hygiène.