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Shibatarian : le manga où l’horreur côtoie le sublime et le grotesque

« Êtes-vous Shibata ? » Une question innocente, qui marque pourtant l’entrée dans un univers où réalité et cauchemar s’entrelacent comme dans un vieux film d’horreur revisité par un génie fou. Avec Shibatarian, Katsuya Iwamuro n’offre pas simplement un manga, mais une expérience déroutante, drôle, flippante et imprévisible.

Un cerisier, une tête humaine, et du cinéma

Tout commence de manière presque banale (ou pas) : Hajime Sato, lycéen au quotidien sans éclat, tombe nez à nez avec une tête humaine surgissant du sol, au pied d’un cerisier. Ce crâne bavard n’est autre que Shibata, une entité énigmatique qui défie toutes les lois de la nature. Hajime, dans un élan de nonchalance typiquement adolescent, décide de sympathiser avec cet étrange personnage. Leur point commun ? Une passion débordante pour le cinéma.

Le duo improbable rêve de créer des chefs-d’œuvre, mais la réalité est bien plus complexe. Shibata est invisible pour le reste du monde. Et si son humanité reste douteuse, leur amitié, elle, est bien réelle… du moins au début. Les années passent, les retrouvailles s’imposent, et avec elles, l’histoire vire au cauchemar. Ce qui semblait une aventure excentrique devient un plongeon dans une horreur psychologique où chaque scène vous fait vaciller entre le rire et la terreur.

Quand l’horreur rencontre la critique sociale

Shibatarian, c’est une ode au cinéma d’horreur. Les références à des classiques tels que Alien, Gremlins ou L’Exorciste abondent, mais elles servent un propos bien plus profond. Sous ses airs de délire visuel, Iwamuro livre une réflexion sur la différence et le conformisme. Shibata, cette figure d’étrangeté, est-il autre chose qu’un miroir de notre peur de l’inconnu, de ce qui échappe à nos normes sociales étriquées ?

L’horreur ici n’est pas que surnaturelle : elle est humaine, tapie dans les jugements, le rejet et l’incompréhension. Ce cocktail de fantastique et de critique sociale donne naissance à une œuvre qui secoue autant qu’elle fascine.

Un récit sans boussole, mais avec une atmosphère

Ne cherchez pas des explications claires ou des révélations magistrales : Shibatarian préfère les non-dits. Iwamuro privilégie les émotions et les images fortes aux discours didactiques. Résultat : chaque page est une immersion sensorielle où l’intrigue se vit plus qu’elle ne se comprend.

Les dessins, oscillant entre le grotesque et le sublime, évoquent ces films d’horreur qui jouent avec vos nerfs et vos tripes. Un sourire nerveux ici, un frisson là : l’équilibre est parfait. L’évolution narrative ne fait qu’amplifier ce malaise étrange, chaque rebondissement vous laissant désorienté mais captivé.

Un manga unique en son genre

Avec seulement quatre tomes, Shibatarian ne s’éternise pas et conserve une intensité qui fait mouche. Ce n’est pas une œuvre pour tout le monde : ceux qui cherchent une narration linéaire et des réponses précises risquent d’être frustrés. Mais si vous aimez les récits qui sortent des sentiers battus, où le bizarre côtoie le brillant, vous serez servi.

C’est à la fois un hommage au cinéma, une réflexion sur la marginalité, et une aventure humaine profondément marquante. Au pied de ce cerisier où le rire et l’effroi se croisent, Shibatarian vous invite à un voyage que vous ne serez pas près d’oublier. Une œuvre étrange et mémorable, où chaque page est une énigme qui hurle autant qu’elle chuchote.

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