Quand on parle de JRPG avec une longévité à toute épreuve, difficile de ne pas mentionner The Legend of Heroes et bien sûr, la saga Ys. Falcom, les vieux loups de mer du RPG japonais, continuent de prouver qu’ils n’ont pas perdu la main. Leur recette ? Des mots simples mais efficaces : aventure, exploration, et surtout, coups d’épée bien sentis. Et si vous pensiez qu’après autant de périples, le courageux Adol Christin allait raccrocher ses bottes, détrompez-vous. Il est toujours prêt à aider, à explorer de nouvelles contrées, et à taper sur tout ce qui se met en travers de sa route.
Adol Christin, le héros à la tignasse rouge, est peut-être l’aventurier le plus endurant que le monde du JRPG ait jamais connu. Cette année, il nous revient pour une dixième épopée officielle avec Ys X Nordics, même si, entre spin-offs, remakes, et quelques versions qui n’ont jamais quitté les rives du Japon, il faudrait bien plus que deux mains pour compter toutes ses aventures. Et une fois encore, nous avons chaussé les bottes d’Adol pour explorer les mers du Nord, prêts à vivre cette nouvelle odyssée et vous en parler avec enthousiasme (et peut-être un ou deux sourires en coin).
Comme il est désormais de tradition dans la série, Ys X débute avec notre intrépide Adol, flanqué de ses fidèles compagnons, sur le pont d’un navire, voguant vers de nouvelles contrées. Avec eux, le Dr Flair, qui a fait ses preuves aux côtés de nos héros lors de leurs précédentes escapades, met le cap sur Carnac, une charmante ville côtière du golfe d’Obélie. Tout semble paisible… enfin, jusqu’à ce que la piraterie ne vienne gâcher la fête !
En effet, alors qu’ils profitent du doux clapotis des vagues, une flotte pirate, la Balta Seaforce, attaque, mettant l’équipage dans une situation aussi délicate qu’un sandwich au pâté en croûte. Le capitaine La Salle, qui a visiblement oublié de régler sa note, se voit enchaîné par ses assaillants. Adol et son groupe débarquent finalement à Carnac, encore sous le choc de cette rencontre maritime, mais c’est là que les choses commencent vraiment à dégénérer. Lors de leur première nuit, le village se retrouve littéralement en feu, assiégé par des forces surnaturelles qui semblent ignorer les effets du feu à volonté.
Heureusement, notre héros à la chevelure flamboyante, en découvrant des coquillages débordant de mana, se retrouve lié à Karja, un capitaine pirate normand, combatif et énergique, qui sait bien de quoi il retourne avec ces assaillants. Ensemble, ils forment un duo pour le moins insolite, un peu comme un sushi dans une pizzeria : inattendu mais fascinant.
Alors que Carnac brûle, Adol et Karja, désormais enchaînés par un mystérieux fil de mana, se lancent dans une quête pour sauver la ville et, accessoirement, leur propre peau. Mais que serait une aventure sans quelques mystères ? Entre une île enveloppée de brume et une flotte aux bannières inconnues, le joueur est incité à s’approcher et à explorer, un peu comme un chat curieux qui s’aventure trop près d’un pot de crème.
L’histoire de Ys X s’inscrit dans la continuité des récits précédents, mais avec une touche de fraîcheur. Bien que la trame narrative soit parfois aussi prévisible qu’un film d’action des années 80, elle parvient à garder l’intérêt du joueur sans le noyer sous une avalanche de dialogues barbants. Les thèmes de la piraterie et de la découverte, chers à la franchise, sont habilement mêlés à des mythes nordiques revisités, nous faisant croiser la route de Vikings qui, malgré leurs actions brutales, semblent également avoir un côté chevaleresque.
Le scénario agit comme une colle qui maintient les morceaux de cette aventure ensemble, permettant au joueur de naviguer à travers les îlots du golfe d’Obélie sans se sentir perdu. Bien sûr, on ne passe pas des heures à décortiquer la profondeur des personnages ou à se perdre dans des rebondissements complexes. Néanmoins, l’ensemble est agréable et promet une affection certaine pour certains personnages, notamment Karja, dont on espère bien revoir les exploits dans de futures aventures.
En résumé, Ys X Nordics réussit à allier action rapide et exploration, tout en nous rappelant que parfois, la piraterie et les légendes ne sont pas si éloignées que ça, surtout quand Adol est aux commandes !
Dans Ys X, l’assouplissement progressif des éléments traditionnels de jeu de rôle est aussi palpable qu’un sandwich au thon oublié. Avec un système de progression presque automatisé et une orientation vers l’action pure, Falcom semble essayer de regagner cette liberté d’exploration qui avait propulsé le huitième épisode au sommet des cœurs des joueurs. Rappelons-le : ce dernier reste, à notre humble avis, le meilleur de la franchise.
La navigation, élément central du jeu, est au cœur de l’exploration, nous propulsant presque instantanément à la barre de notre navire. Alors que Lacrimosa de Dana offrait une île sauvage à explorer, les contrées nordiques nous livrent un véritable festin marin, avec batailles navales à l’appui. Le golfe d’Obélie regorge d’îles à explorer, d’ennemis à affronter et de marchands itinérants possédant des objets uniques, un peu comme une brocante en pleine mer.
Mais ce n’est pas tout ! Le sens de la découverte, moteur de l’exploration, s’accompagne d’une gestion d’équipe renouvelée. Adol et Karja, désormais liés par un fil de mana, forment une équipe de choc, contrôlable individuellement ou simultanément. Dans le premier cas, l’intelligence artificielle fait ce qu’elle peut (et ça peut faire frémir), tandis que dans le second, on découvre une véritable nouveauté : la possibilité de jongler avec les deux personnages à la fois, offrant un gameplay qui fait un clin d’œil aux amateurs de sensations fortes.
En jouant sur cette double commande, les joueurs peuvent déclencher des capacités coordonnées, généralement plus puissantes que celles qu’Adol et Karja pourraient sortir en solo. Si l’on en croit les développeurs, le système de parade automatique réduit les dégâts subis, un avantage non négligeable lorsque des ennemis décidés à dissoudre leur lien viennent briser cette danse harmonieuse.
Les combats restent rapides et dynamiques, et l’adrénaline est au rendez-vous, fidèle à la tradition de la série. Quand ce n’est pas l’heure de s’affronter, le joueur peut naviguer librement à travers les îles du golfe d’Obélie. Le jeu n’impose que rarement de suivre une ligne narrative, permettant de jongler entre quête principale et activités secondaires, un peu comme un chef cuisinier qui goûte à tous les plats.
Si vous apercevez une île mystérieuse dans le brouillard ou une flotte à l’horizon, n’hésitez pas à vous en approcher : le jeu récompensera les explorateurs intrépides avec des objets rares, des combats de haute volée, et des îles regorgeant de trésors et de monstres, sans oublier quelques stèles qui enrichissent le lore du jeu.
Le combat naval est tout aussi intuitif que celui à pied, avec un style arcade qui séduira les fans de rapidité. Naviguer à la recherche de trésors et de terres inexplorées est sans conteste l’une des meilleures expériences du jeu. Les premiers tutoriels sur le contrôle du Sandras vous donneront l’impression d’être un véritable pirate des mers.
Pour les joueurs plus paresseux, un système de transport rapide est disponible, facilitant la résolution de nombreuses quêtes secondaires. Toutefois, nous vous conseillons de prendre le temps de vous perdre en mer, histoire d’apprécier la richesse du contenu secondaire que l’équipe de développement a eu l’amabilité d’inclure.
En somme, Ys X Nordics est une mer d’aventures où l’action prime, mais n’oublions pas le charme des éléments RPG qui, hélas, semblent se diluer au fil des vagues.
Malheureusement, malgré une direction artistique qui continue d’inspirer et des performances impressionnantes à 60 fps (qui, soit dit en passant, hésitent rarement), l’aspect technique de Ys X apparaît comme le talon d’Achille de la production. Falcom, bien que riche d’une tradition bien établie, se trouve toujours dans le camp des développeurs indépendants, contraint de jongler avec des budgets serrés et sans les moyens d’exploiter des moteurs graphiques flamboyants comme l’Unreal Engine 5.
Ajoutez à cela la nature multiplateforme du jeu – que nous avons exploré sur PS5, PS4, Switch et PC – et vous comprenez qu’il faut parfois fermer un œil pour apprécier pleinement les aventures d’Adol. En effet, les visages manquent d’expressivité, les animations sont aussi fluides qu’un plat de polenta mal cuite, et les structures géométriques semblent avoir été taillées à la hache. Le pop-in désagréable est un autre compromis dont les joueurs doivent faire l’expérience pour naviguer dans cette nouvelle épopée.
Ici, nous défendons la primauté du gameplay sur l’aspect technique, et notre évaluation flatteuse à la fin de cette critique devrait en témoigner. Cependant, il est juste de faire état des lacunes techniques du produit, qui semble plutôt en phase avec les débuts de la dernière génération de consoles qu’avec les standards actuels.
Tout n’est pas à mettre à l’index, cependant. Comme mentionné, la fluidité des 60 fps est impressionnante, probablement en raison de la taille réduite des détails et de la stylisation de plusieurs structures polygonales dans le monde du jeu. Et comment ne pas saluer, une fois de plus, la bande-son ? Elle est vibrante, remplie de riffs rock énergétiques qui font vibrer les enceintes et ponctuent chaque affrontement avec panache.
Créée par une équipe de quatre, la bande-son, bien qu’éloignée des sommets atteints par la série par le passé, parvient à se démarquer, insufflant un sentiment d’urgence et d’énergie que peu de jeux d’action JRPG actuels peuvent égaler.
Une autre mention honorable revient à la richesse du contenu, qui n’a jamais été un souci pour la franchise, mais qui s’établit ici sur de nouveaux sommets. La carte nautique du golfe d’Obélie, bien que pas la plus vaste de la série (un titre toujours détenu par Lacrimosa de Dana), est remplie de secrets, de quêtes optionnelles et de petites îles à explorer. Cela contribue à prolonger la durée de vie globale du jeu.
En raison de contraintes de temps pour ce test (nouvel emploi pour votre serviteur), nous avons dû limiter notre envie d’explorer chaque recoin, atteignant les crédits après environ trente-quatre heures de jeu, avec un taux d’achèvement des missions facultatives proche de 80%. Mais, sans surprise, nous avons hâte de retourner dans le golfe d’Obélie pour découvrir la myriade de petites îles que nous avons laissées derrière lors de notre première traversée. C’est sans doute le meilleur compliment que l’on puisse faire au travail de Toshihiro Kondo et de son équipe.
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Si Ys VIII reste dans les annales comme le sommet incontesté de la franchise, Ys X Nordics n’en est pas pour autant une aventure en dessous du lot. Ce n'est peut-être pas la perle rare, mais ce chapitre reste une belle trouvaille pour les amateurs de RPG d’action. Falcom prouve encore une fois qu'ils maîtrisent l’art de maintenir le cap depuis près de quatre décennies, et Adol, notre héros rouquin préféré, ne semble pas avoir pris une ride. À croire qu'il a trouvé l'élixir de jeunesse dans un coffre au fond de l’océan. Le plaisir est intact, surtout quand on navigue joyeusement sur les flots du golfe d'Obélie, entre un combat dynamique et une exploration qui vous donne une bonne dose de liberté sans chichis inutiles. Là où Ys X Nordics brille vraiment, c’est dans son rythme : rapide, sans temps mort, et avec ce style si particulier qui colle à la série. Les batailles sont vives, engageantes, et le simple fait de voguer d'une île à l’autre peut presque faire oublier quelques bémols. Presque. Parce que oui, il y en a. L’univers est splendide, les personnages ont un design léché et les couleurs éclatent à l’écran, mais tout cela est un peu gâché par un moteur graphique qui semble dater de la vieille époque des consoles. On navigue certes en haute mer, mais on aurait aimé un secteur technique moins échoué sur les récifs de l’obsolescence. Un coup de peinture, peut-être ? Mais voilà, à mesure que l'on avance dans l’aventure, un autre détail laisse un goût amer : cette tendance à réduire les éléments typiques des RPG au profit d’une action de plus en plus frénétique. C’est comme si Falcom avait un peu peur qu’on s’ennuie, alors ils ont décidé de rajouter du punch partout, quitte à rogner sur l'essence même du genre. Pourtant, malgré ces petits coups de boutoir, Adol tient toujours la barre. Et même sur PS5, son périple reste un plaisir coupable, avec juste ce qu'il faut de défis, de découvertes, et bien sûr, de coups d’épée virevoltants pour nous rappeler pourquoi on suit ses exploits depuis si longtemps.
Yakudark