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Selfloss : Plongée dans l’Abîme des Émotions et des Mythes

Dans un recoin oublié du monde, où le temps semble avoir suspendu son vol, se trouve un gouffre insondable, enveloppé de mystères et d’obscurité. Ce précipice, véritable crevasse de l’angoisse, dévore toute lumière et sert de théâtre aux légendes arcaniques et aux peurs ancestrales. Les récits racontent d’un lieu où la réalité se dilue, où les lois de l’univers se plient à la volonté de l’inconcevable. Peu d’explorateurs, mus par la curiosité ou le courage, osent s’approcher de cette abyssale profondeur. Ceux qui ont eu l’audace de s’en approcher n’ont rapporté que des ombres de désespoir et des échos de panique, reflets tangibles de la peur de l’inconnu. Chaque coup d’œil vers cet abîme révèle une vérité troublante : il n’est pas seulement un vide, mais un miroir des ténèbres qui habitent notre âme. Cette peur, semblable à celle dépeinte par les écrivains d’antan, notamment l’immortel Lovecraft, explore notre vulnérabilité essentielle. C’est l’horreur de faire face à l’infini, à ce qui défie la compréhension rationnelle, brouillant ainsi les frontières entre le tangible et l’invisible. L’abîme se transforme alors en un symbole puissant de ce qui demeure inaccessible, obscurcissant nos certitudes et amplifiant la terreur de l’inconnu.

Dans les anciennes terres de steppes et de lacs, bien avant que les frontières entre le monde humain et celui des esprits ne soient établies, les baleines étaient vénérées comme des créatures sacrées dans les traditions slaves. Elles n’étaient pas de simples géants des mers, mais des incarnations d’anciennes divinités aquatiques, gardiens des mers et des rivières, régissant le cycle de la vie et de la mort. Selon les légendes, ces créatures seraient nées du souffle de Mokosh, la déesse-mère de la terre et protectrice des eaux, insufflant sa force vitale dans les océans. Majestueuses, les baleines incarnaient la sagesse ancestrale, détentrices des secrets du monde souterrain. On disait qu’elles étaient les gardiennes des portails reliant le royaume des hommes à celui des esprits ; écouter leur chant était perçu comme un appel des forces invisibles de l’univers. Tuer une baleine était un tabou, et même croiser l’une de ces créatures était considéré comme un signe divin. Leurs ossements, souvent retrouvés sur les rivages, étaient traités avec un respect sacré, utilisés pour ériger des autels ou des outils rituels, conservant ainsi une part du pouvoir de l’animal. Le caractère sacré des baleines symbolisait le lien intime entre les anciennes populations slaves et la nature. Les eaux profondes, mystérieuses, abritaient le sacré, et ces géantes des océans étaient les incarnations de mystères insondables que l’homme pouvait seulement honorer. Aujourd’hui encore, certaines populations du Nord tentent de raviver cette sagesse oubliée.

Goodwin Games, un studio indépendant dirigé par Alex Goodwin, s’est distingué dans le paysage vidéoludique par sa capacité à créer des expériences narratives engageantes, en mettant l’accent sur l’exploration émotionnelle et les mondes inspirés des mythes. Leur approche se démarque par une attention particulière à des histoires thématiquement riches, souvent entremêlées de symbolisme et de références culturelles.

Selfloss, mot-valise fusionnant « soi » et « perte », illustre l’idée de l’aliénation et de la crise existentielle. Ce terme évoque un profond sentiment d’égarement, une perte du lien avec son soi authentique. Selfloss propose une aventure narrative émotionnelle immergeant les joueurs dans un univers inspiré des traditions slaves, où le caractère sacré de la nature et le pouvoir de guérison sont centraux. L’équipe de développement a brillamment matérialisé cet aspect du sacré, tissant un contexte narratif captivant qui s’entrelace harmonieusement avec d’autres éléments plus polarisés. Le jeu réussit à exprimer la quête de tradition et la douleur de la perte, une odyssée entre générations. Ce parcours est traversé par des émotions complexes telles que la peur, la douleur et le regret.

Selfloss : Kazimir et le Voyage Émotionnel au Coeur des Légendes

Dans Selfloss, l’épopée de Kazimir s’inscrit dans un monde où les baleines ne sont pas de simples créatures marines, mais des entités sacrées, vénérées comme des gardiennes de sagesse et de protection. Ce paysage, inspiré des traditions slaves, se déploie tel un tableau éthéré, où la beauté naturelle se mêle à des émotions intenses. Ici, le lien entre l’homme et la nature est sacré et indissoluble. Le vieux guérisseur est poussé par deux forces : la nécessité de trouver un remède à l’ombre qui obscurcit son âme et la conscience aiguë que son voyage pourrait être sa dernière chance de rédemption.

Le Miasme, une calamité sombre et insidieuse, enveloppe le monde d’un brouillard de corruption, menaçant l’équilibre délicat entre le sacré et le profane. Le récit se déroule à travers une série d’épisodes captivants où Kazimir navigue entre îles mystérieuses et terres oubliées. Chaque étape de son voyage est une exploration profonde des émotions humaines, révélant leurs manifestations tangibles dans le monde environnant. Ces îles, chacune riche en symboles et en histoires, représentent des étapes cruciales dans sa quête de compréhension et de guérison.

Le bâton magique de Kazimir, source de lumière et d’espoir, devient son unique arme contre les miasmes. Mais ce n’est pas simplement un outil de combat ; il incarne sa force intérieure, sa capacité à illuminer les ténèbres. Chaque utilisation de ce bâton est une double action : il combat les miasmes tout en affrontant les ombres de son âme, explorant ainsi ses propres peurs et faiblesses.

L’intrigue de Selfloss s’articule comme une méditation sur la rédemption et le défi d’affronter l’inconnu. Kazimir ne cherche pas uniquement un rituel pour guérir son âme, mais découvre que le véritable chemin vers la guérison passe par une introspection profonde et une acceptation de soi. Ce voyage épique devient une réflexion philosophique sur l’équilibre entre lumière et obscurité, entre sacré et profane, traçant un chemin inéluctable vers le salut intérieur.

Prendre soin de son âme n’est pas une tâche aisée, et Kazimir s’engage dans ce voyage idyllique à la découverte du monde qui l’entoure. Il doit faire face à des moments difficiles, où des créatures sacrées se dressent pour défendre la terre contre le mal. Chaque île qu’il explore représente un défi unique, truffé d’énigmes et de rencontres avec des êtres fantastiques, enveloppé dans un récit oscillant entre mystère et lyrisme.

La force de l’intrigue ne réside pas uniquement dans sa structure linéaire, mais dans sa capacité à toucher les cordes profondes de l’âme humaine. Le thème du sacrifice, omniprésent dans l’œuvre, n’est pas un simple artifice narratif, mais une réflexion sur l’altruisme, la perte et la rédemption. La relation entre Kazimir et son environnement va au-delà de l’interaction : elle est profondément émotionnelle, écho des liens ancestraux qui unissent l’homme à la nature.

Selfloss est ainsi un rituel magique, conçu pour guérir les blessures internes de l’âme. Le jeu se déploie comme un long voyage, découpé en cinq chapitres distincts, chacun avec des décors uniques. La durée de l’aventure dépend largement des choix du joueur et de son interaction avec le monde, totalisant environ six heures de jeu, sans compter les objets de collection et les missions secondaires. Bien que la longévité soit relativement moyenne, le titre offre une suite cohérente à son intrigue fascinante, sans s’égarer dans des détails superflus.

L’expérience se déroule dans un monde d’une sensibilité et d’une délicatesse remarquables, où les miasmes continuent leur avancée inexorable, menaçant le bien et l’âme des autres. Cet aspect rappelle les derniers chapitres de The Legend of Zelda, où la calamité s’abat sur le monde, créant une atmosphère de peur et de mystère. Il évoque aussi Neva, le prochain projet de Nomada Studio, connu pour Gris.

Une Expérience de Gameplay Émotionnelle et Contemplative

Dans Selfloss, l’expérience de gameplay est fondée sur une aventure narrative immersive qui fusionne exploration, combat et résolution d’énigmes, tous liés à la quête de guérison et de rédemption du protagoniste, Kazimir. Le jeu propose une conception contemplative, mettant l’accent sur l’interaction émotionnelle avec l’environnement et un rythme lent qui accompagne le voyage intérieur de son héros. Ce choix stylistique pourrait rappeler d’autres titres comme Tunic ou Death’s Door, mais Selfloss s’en distingue en proposant une approche moins axée sur des combats complexes.

L’un des éléments centraux du gameplay est le système de combat basé sur l’utilisation du bâton magique de Kazimir. Ce bâton, qui canalise la lumière, est utilisé pour combattre les manifestations physiques des miasmes — des créatures sombres et corrompues — ainsi que pour résoudre des énigmes environnementales. Il devient une métaphore tangible du voyage de Kazimir vers la rédemption, et chaque amélioration du bâton reflète les progrès spirituels et narratifs du personnage.

Le combat repose davantage sur la stratégie que sur la vitesse. Les joueurs doivent maîtriser le timing et la gestion de l’espace, en tirant parti des capacités défensives et offensives du bâton selon les circonstances. Les ennemis ne sont pas de simples obstacles, mais des représentations métaphoriques des traumatismes et des peurs de Kazimir, apportant ainsi une profondeur psychologique aux affrontements.

Les énigmes sont profondément intégrées à la structure narrative et émotionnelle du jeu. Elles sont souvent liées à la guérison du monde affligé par les miasmes, demandant aux joueurs de restaurer l’équilibre naturel en utilisant le pouvoir du bâton et leur compréhension du monde environnant. La lumière magique sert à purifier les ténèbres, interagir avec des artefacts anciens et débloquer des chemins secrets, ce qui enrichit l’expérience de jeu.

L’exploration joue également un rôle crucial dans Selfloss. L’environnement ne se limite pas à un simple décor visuel ; les conditions météorologiques dynamiques et le cycle jour/nuit influencent la difficulté des combats et l’accès à certaines zones. Cette mécanique fait écho à des titres comme Dredge, où l’alternance jour/nuit modifie l’expérience du joueur. Le rythme délibérément lent du jeu encourage une immersion totale, permettant aux joueurs de s’imprégner de l’atmosphère mélancolique et contemplative.

La bande-son et les paysages sonores, enrichis de chants évocateurs et de sons naturels, participent à créer cet état méditatif. La musique engage le joueur sur des plans cognitif et émotionnel, amplifiant ainsi sa connexion avec le monde du jeu.

Visuellement, Selfloss se distingue par son esthétique low poly, mariant simplicité et détails raffinés. Sur PC, et notamment sur Steam Deck, le titre offre une expérience graphique de haute qualité. Techniquement, le jeu est stable, avec seulement quelques bugs mineurs susceptibles d’être corrigés rapidement. Le framerate est généralement constant, et la qualité des textures se situe entre moyenne et élevée.

En somme, Selfloss se présente comme une expérience de jeu unique, alliant une approche narrative immersive à un gameplay réfléchi. En combinant exploration, combat, énigmes et une esthétique soignée, le jeu réussit à capturer l’essence d’un voyage émotionnel et introspectif. Si vous recherchez une aventure où l’âme et la nature s’entrelacent, Selfloss mérite d’être exploré.

NOTRE AVIS

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20

Selfloss, développé par Goodwin Games et Merge Games, est bien plus qu'un simple jeu vidéo ; c'est une immersion captivante dans des traditions slaves et nordiques, un véritable voyage au cœur des émotions. Imaginez un titre où vous pouvez explorer chaque recoin d'un univers riche en histoire, sans trop vous éparpiller. Malheureusement, ce joyau semble avoir été éclipsé par d'autres sorties en septembre, laissant les critiques un peu comme des mouettes sur une plage déserte, perplexes et silencieuses. Pourtant, Selfloss mérite d'être reconnu pour son approche unique : une narration engageante, un gameplay simple mais vivant, et une invitation à vivre une histoire qui résonne avec profondeur. On s'y perd et on se retrouve, au fil de rencontres qui, bien que modestes en apparence, invitent à la réflexion. Chaque moment est imprégné de sens, offrant une douce mélancolie mêlée à une lueur d'espoir. Le titre, disponible depuis le 5 septembre 2024 sur consoles et PC à un prix raisonnable de 24,99 euros, représente un excellent rapport qualité-prix. Si vous êtes en quête d'une aventure personnelle qui touche aux cordes sensibles, ne passez pas à côté de Selfloss. Offrez-lui une chance ; vous pourriez bien y trouver un écho de vos propres expériences.

Yakudark

BONS POINTS

  • Intrigue approfondie et passionnante
  • Il parvient à transmettre un sentiment de satisfaction à la fin du jeu
  • Une quantité de valeurs exemplaires
  • Un gameplay amusant…

MAUVAIS POINTS

  • … mais beaucoup trop simple
  • Quelques petits bugs éparpillés ici et là

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