Souvenez-vous de 2006, cet été où Capcom, avec son sens légendaire du timing, nous offrait Dead Rising, un charmant petit jeu qu’ils décrivaient eux-mêmes comme « L’Enfer de la vente au détail ». Et effectivement, sous la houlette du maître Keiji Inafune, ce jeu a débarqué comme une boule de feu prête à brûler nos rétines et nos portefeuilles. La Xbox 360 venait à peine de poser son premier orteil dans le monde, et déjà Capcom décidait de semer la pagaille avec un projet aussi déroutant qu’ambitieux. C’était l’époque où les relations entre Capcom et la Xbox étaient aussi froides qu’un cadavre de zombie, mais Dead Rising marquait un tournant. Pour la première fois, on avait l’impression que cette collaboration allait peut-être enfin donner quelque chose de… fructueux ?
Maintenant, je sais ce que vous pensez : « Ce petit historique m’ennuie déjà ». Mais attendez, il est important de se souvenir de ce qu’était Dead Rising, car le remaster de luxe inspire une réflexion bien plus… nuancée (ou déprimante, selon votre humeur). Ce qui était révolutionnaire il y a deux décennies est devenu aussi excitant qu’une séance de rattrapage de feuilletons des années 90. Notre photojournaliste préféré, Frank West, traîne aujourd’hui ses années comme un sac de ciment. Le pauvre semble aussi fatigué que la mécanique du jeu elle-même.
L’équipe dirigée par Ryosuke Murai a fait un boulot convenable. Ils ont réussi à moderniser un peu le centre commercial de Willamette, en lui donnant juste assez de polish pour qu’il ne sente pas trop la naphtaline. Mais soyons honnêtes, la formule du jeu est restée coincée dans le passé. Ce qui était innovant en 2006 est devenu prévisible en 2024. Capcom n’a jamais prétendu que ce remaster serait un remake révolutionnaire, alors difficile de leur en vouloir. Je vous épargne donc un débat interminable sur les remakes vs remasters, car franchement, personne n’a envie de se retrouver à lancer des choux-fleurs ou des têtes de zombies.
Parlons-en, des zombies. Ces charmantes créatures restent le cœur palpitant (façon de parler) de Dead Rising Deluxe Remaster, et leur démembrement comiquement exagéré fait toujours son petit effet. Mais, petite précision : le vrai héros de cette aventure n’est ni Frank West, ni les zombies, mais bien le centre commercial lui-même. Oui, ce paradis du consumérisme déchu regorge de morts-vivants prêts à être réduits en charpie, que ce soit avec une tondeuse à gazon ou l’un des milliers d’objets improbables qui traînent. Ce terrain de jeu macabre reste la seule star véritablement intemporelle du jeu.
Le Parkview Mall de Willamette, c’est l’endroit idéal pour une après-midi tranquille de shopping en famille. Vous savez, acheter une paire de chaussures, siroter un café, peut-être dépenser un peu trop chez Shootingstar Sporting Goods… Ah, mais attendez ! Voilà que votre famille bien-aimée est maintenant le buffet d’une horde de zombies affamés. Oui, ce même centre commercial, autrefois temple de la consommation, est devenu une usine à zombies à ciel ouvert. Et notre cher Frank West est en ville pour découvrir ce qui se passe dans cet enfer — littéralement.
Dans ce joyeux chaos, le pauvre Frank est armé d’une tronçonneuse, mais dommage pour lui, il a besoin de ses deux mains pour la manier. Pourquoi ne pas la mettre dans sa poche, me direz-vous ? Parce que Capcom ne voulait pas rendre les choses trop faciles (et bon, soyons réalistes, une tronçonneuse dans la poche, c’est un peu trop exagéré, même pour Dead Rising).
L’idée centrale, hier comme aujourd’hui, reste la même : survivre. Frank a 72 heures pour se promener dans ce centre commercial cauchemardesque jusqu’à l’arrivée d’un hélicoptère, censé le ramener vers un semblant de sécurité. Sur le papier, ça paraît simple. En pratique ? Pas tant que ça. Il doit improviser avec tout ce qui lui tombe sous la main — et ça tombe bien, il y a des dizaines de magasins pleins de marchandises prêtes à l’emploi, avec zéro employé pour vous demander de passer à la caisse. C’est ce qu’on appelle un paradis… si on oublie les zombies.
La viande fraîche à trancher est partout, et on ne s’éloigne pas trop du concept du musou : des hordes d’ennemis qui ne semblent pas franchement intéressés à organiser une défense sérieuse. Tant mieux pour vous, ça laisse la place à votre imagination débordante. Dans ce remaster de luxe, vous devrez escorter des survivants égarés à des zones de sécurité… mais bon, préparez-vous, beaucoup vont mourir sans que vous ayez vraiment le temps de leur dire au revoir.
Et comment leur dire au revoir ? Pourquoi pas avec une cireuse de The Distinguished Gentlemen qui finira immanquablement dans l’œil d’un zombie, ou une bonne vieille batte de baseball dénichée dans les rayons de Shootingstar ? Si vous préférez quelque chose de plus original, que diriez-vous d’un coup de skateboard pour leur briser les chevilles, ou d’un joli mollet écrasé sous une tondeuse ? Oui, l’improvisation est à l’honneur, et franchement, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Avec plus de quatre-vingts magasins répartis sur plusieurs étages et des zones thématiques, le Dead Rising Deluxe Remaster a de quoi vous occuper. Chaque recoin regorge de petits trésors, comme chez McHandy’s Hardware, où le marteau de bricolage cloue littéralement les crânes des zombies au sol. Et oui, même des vieux CD (en 2006, ils existaient encore) peuvent devenir des armes redoutables si vous savez bien les lancer. La variété est ahurissante : des tubes en acier aux armes à feu, en passant par des boîtes en carton et des épées en caoutchouc. Sérieusement, il y a tellement d’objets à disposition qu’on se croirait dans une version morbide d’IKEA.
Sans oublier les psychopathes exagérés qui restent aussi divertissants qu’à l’époque. Dans ce centre commercial, tout est une question de style : lunettes, vêtements, livres, électronique — vous trouverez de quoi personnaliser Frank à votre guise. Certes, tous les objets ne sont pas ultra pratiques, mais franchement, qui s’en soucie quand on peut massacrer des zombies avec classe ?
Si l’on devait résumer Dead Rising Deluxe Remaster en une phrase, ce serait : un grand bac à sable où l’on massacre des zombies avec des outils qui oscillent entre le génial et le grotesque, tout en explorant des environnements peu exploités par les jeux vidéo. C’est un concept qui, en 2006, semblait révolutionnaire, surtout à une époque où les « mondes ouverts » n’étaient pas encore les monstres tentaculaires qu’ils sont aujourd’hui. Le jeu offrait une liberté surprenante : faire ce que vous voulez, quand vous voulez… enfin, presque. Car même dans le centre commercial de Willamette, ouvert sept jours sur sept, il y a des limites, comme ces volets métalliques posés là, prétendument par des survivants, mais en réalité pour rassurer les game designers.
Frank West, notre héros fatigué, finit par devenir assez costaud pour distribuer des coups de poing dignes d’un Rocky en fin de carrière, mais toujours avec cette touche de maladresse qui fait son charme. Derrière cette joyeuse boucherie, il y a cependant une structure narrative qui tente désespérément de donner un semblant d’organisation au chaos. En 72 heures de jeu (virtuelles, heureusement), vous avez des missions principales et secondaires qui éclaircissent l’origine de cette apocalypse commerciale ou, plus souvent, vous poussent à accumuler des points d’expérience en sauvant des gens ou en massacrant des psychopathes (ou les deux). Les psychopathes, ces boss improvisés, sont les vraies étoiles du jeu. Tantôt là pour faire avancer l’histoire, tantôt juste pour vous débloquer un passage, ils ajoutent un brin de folie dans cet univers déjà bien frappadingue.
Et puis, il y a ce petit détail : chaque fois que vous passez d’une zone à une autre, le jeu vous inflige un temps de chargement. Alors oui, c’est rapide, mais ça casse un peu l’immersion, et vous rappelle que la structure du jeu est plus fragile qu’un zombie face à une tondeuse à gazon. Heureusement, les graphismes ont été peaufinés dans ce remaster, avec des textures et des modèles 3D qui vous feront presque oublier que le jeu a 18 ans au compteur.
Ah, les missions d’escorte. Si vous détestiez déjà ça en 2006, préparez-vous à une rechute. Dead Rising Deluxe Remaster est peut-être votre nouvelle kryptonite. Certes, Capcom a tenté de rendre ces missions un peu moins infernales à l’époque, mais rien n’y fait : s’occuper d’une bande d’idiots paniqués dans un centre commercial infesté de zombies, c’est comme essayer de sauver des chatons dans une tempête — vous finissez par vous tirer une balle dans le pied (ou dans le cerveau, histoire d’être raccord avec le thème).
Sauver des civils, prendre des photos dignes du National Geographic version zombie, et écraser quelques psychopathes vous permettent de gagner des points d’expérience. Mais n’espérez pas de jolis arbres de compétences complexes : chaque niveau franchi vous octroie des améliorations automatiques. Frank devient plus rapide, plus costaud, capable de porter plus d’armes, et même de se battre à mains nues. Oh, et il y a aussi ces livres et magazines disséminés dans le centre, qui débloquent des compétences tant que vous les tenez sur vous. Une idée originale, certes, mais qui vous laisse un peu perplexe quand vous réalisez que Frank doit trimballer une bibliothèque ambulante pour devenir plus fort.
En 2006, Dead Rising avait réussi à faire plus qu’une simple boucherie en centre commercial : il avait proposé un concept qui, à l’époque, sentait encore le frais. Mais bon, ça, c’était il y a une éternité. Aujourd’hui, en 2024, la formule a pris un coup de vieux. Ce qui était révolutionnaire il y a 18 ans semble aujourd’hui un peu trop réchauffé, et ce Deluxe Remaster nous le rappelle à chaque coup de tronçonneuse un peu rouillé.
Bien sûr, soulever un zombie avec une pelle et le renvoyer au sol avec un club de golf est toujours aussi satisfaisant. Mais avant d’en arriver là, il faudra accumuler beaucoup de points de prestige (ou d’expérience), ce qui, disons-le, ajoute un peu d’huile de coude pour des résultats qui sentent plus l’effort que le plaisir.
Le jeu est toujours lié à son horloge interne qui ne cesse de tourner, une mécanique qui avait fait grincer des dents en 2006, mais qui aujourd’hui frise l’anachronisme. Pour certains, c’est juste frustrant. Oh, et ne comptez pas profiter d’une liberté totale avant de finir le jeu une première fois. Ce n’est qu’alors que vous pourrez déverrouiller des modes alternatifs, dont un qui abolit la limite des 72 heures dans le centre commercial. Un peu de souffle, mais rien de révolutionnaire non plus.
Alors oui, Capcom a utilisé son moteur RE pour donner un coup de neuf au système graphique. En gros, les screenshots sont superbes. Mais dès que vous passez à l’action, c’est une autre histoire. Entre les zombies qui apparaissent comme par magie à quelques centimètres de Frank et les éclairages un peu douteux dans certaines zones, on commence à sentir les limites de cette remise à neuf. Et ne parlons même pas des interactions entre Frank et les ennemis. Rien de plus frustrant que de voir une arme passer à travers un zombie sans effet, ou de se retrouver face à un psychopathe qui court dans le mur comme un Sims en pleine crise existentielle.
Ces bugs et maladresses étaient pardonnables en 2006, époque où l’ambition de Dead Rising nous éblouissait. Mettre autant de zombies dans un espace relativement cloisonné sans trop d’imperfections relevait presque du miracle à l’époque. Mais aujourd’hui, nous avons vu bien d’autres jeux qui, eux, ont su tirer les leçons de ce genre de problèmes. Résultat : Dead Rising Deluxe Remaster paraît bien poussiéreux en comparaison. Et même si la voiture et la moto garées au sous-sol du centre commercial sont toujours là pour offrir quelques minutes de destruction pure, l’éclat est terni par une technique vieillissante.
La gestion de la santé de Frank, parlons-en : c’est un véritable casse-tête. Il n’y a pas de régénération automatique et dans un monde où les zombies réapparaissent constamment, c’est frustrant de devoir refaire les mêmes trajets et affronter les mêmes ennemis encore et encore. Combinez cela à l’impossibilité de courir à volonté et à un équilibrage des dégâts des armes souvent douteux, et vous obtenez un jeu qui crie son appartenance à une autre époque, à chaque recoin.
Cependant, malgré ses rides et ses douleurs de dos, Dead Rising Deluxe Remaster arrive à se rendre toujours un peu plaisant. C’est étonnamment moins maladroit que dans mes souvenirs, et c’est plutôt bien doublé (en français notamment). L’idée de transformer le centre commercial en une cour de récréation remplie d’armes improvisées reste toujours amusante, et il y a quelque chose d’indéniablement jouissif dans cette liberté d’improvisation.
Mais voilà, cette réédition souffre d’une crise d’identité. Elle n’a pas été assez modernisée pour se mesurer à ses successeurs, et ne propose aucun contenu additionnel digne de ce nom qui ferait de ce remaster un hommage historique réussi. Il n’y a pas de croquis, de documents d’archives, d’interviews ou de commentaires des créateurs. Rien. Juste Frank, ses zombies, et vous, seul face à votre nostalgie. Même la fameuse fonction photo du jeu, qui vous permet de capturer les moments les plus absurdes et gores, ne suffit plus à sauver la mise.
Alors oui, il existe un Dead Rising 4 qui, techniquement et structurellement, fait bien mieux que ce Deluxe Remaster, mais je vais essayer d’oublier cet épisode et de relancer le jeu. Je vais enfiler cette robe à fleurs des années 50 que j’ai repérée dans un vestiaire, attraper un club de golf, lancer un bon vieux morceau des Eagles sur Spotify et aller éclater du zombie. Parce que tant que ça marche, au fond, ça reste un excellent remède antistress.
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Si vous êtes un habitué des mondes ouverts modernes, préparez-vous à une douche froide. Dead Rising Deluxe Remaster n’est rien de plus qu’un joli paquet cadeau pour une idée vieille de presque vingt ans, emballée avec autant de soin qu'un reproche poli. Non, vraiment, il faut le dire : on a pris un jeu, on l’a "enrichi" (façon VHS rééditée en DVD), et on s’attend à ce que vous en soyez ravis. Spoiler : vous ne le serez probablement pas. Heureusement, tout n’est pas perdu ! L’idée de base – piégés dans un centre commercial infesté de zombies, avec des objets du quotidien pour seule défense – reste encore suffisamment charmante pour éviter la noyade complète. Le décor a un petit quelque chose de nostalgique, comme cette vieille veste en cuir que vous avez portée trop longtemps, mais qui tient toujours à peu près la route. Quelques détails de l’environnement de jeu sont encore valables aujourd'hui, à condition d’être particulièrement indulgent. Mais soyons honnêtes : il y a vingt ans, c'était excitant. Maintenant, c'est un peu comme si on vous refilait un vieux manuel scolaire en vous disant : "Fais-en ton projet final". Les nouveaux venus dans cette belle ville de Willamette risquent de s’ennuyer ferme, faute de contenu réellement pensé pour eux. Même une balade dans Al Fresca Plaza ou une discussion avec la caissière désabusée du supermarché ne suffiront pas à masquer le manque flagrant de nouveauté. Tout ça pour dire que ce qui marchait hier... marche beaucoup moins aujourd'hui.
Yakudark