La Nintendo DS, ah cette petite merveille portable qui a conquis le monde avec ses 154 millions d’unités vendues. Autant dire que Nintendo a frappé fort, donnant à Castlevania une belle rampe de lancement avec trois opus qui allaient marquer la décennie 2000. Dawn of Sorrow a ouvert le bal en 2005, suivi par Portrait of Ruin en 2006 et enfin Order of Ecclesia en 2008, à une époque où, miracle, il ne fallait pas des années pour que notre saga de vampires préférée sorte un nouvel épisode. Oui, cette ère dorée où on ne mourait pas de vieillesse en attendant un nouveau Castlevania…
Konami, qui aime bien nous rappeler qu’ils savent parfois faire autre chose que des machines à sous, a su maintenir Castlevania dans le paysage vidéoludique malgré l’évolution rapide du marché. Le trio de la DS prouvait que les chasseurs de vampires pouvaient aussi briller sur les consoles portables, tout en restant fidèles à cette bonne vieille 2D, déjà immortalisée dans Symphony of the night. Le tout en y ajoutant des touches de modernité : entre autres, des mécaniques exploitant astucieusement les deux écrans de la DS. Par exemple, dans Dawn of Sorrow, il fallait dessiner des sceaux magiques sur l’écran tactile pour achever les boss, ces derniers devenant de plus en plus complexes au fil de l’aventure de Soma Cruz. Un mini-jeu dans le jeu, histoire de vous rappeler que vaincre un boss, ça se mérite.
Et puisque Dominus Collection ne fait pas les choses à moitié, elle intègre aussi un joyau d’antan : Haunted Castle, le titre arcade de 1987, plus célèbre pour sa difficulté sadique que pour ses mécaniques de gameplay révolutionnaires. Disons qu’il était taillé sur mesure pour vous ruiner en quelques minutes, et faire de la borne d’arcade un gouffre à pièces.
Alors, pourquoi la Nintendo Switch est-elle la plateforme idéale pour cette collection ? Tout simplement parce qu’elle préserve en partie l’essence tactile de la DS. Certes, il manque le deuxième écran, mais en mode portable, vous pouvez toujours utiliser vos doigts pour dessiner ces fameux sceaux, recréant un peu la sensation du stylet DS. Et en mode dock, la magie opère grâce à une combinaison de la gâchette ZR et du stick droit, un système astucieux, bien qu’imparfait. Le studio M2, en charge de cette collection, mérite toutefois des applaudissements pour son souci du détail. On n’est pas dans une recréation parfaite, mais l’effort pour nous replonger dans ces sensations perdues est là.
Que serait Castlevania sans son thème central indéboulonnable ? Les chasseurs de vampires, souvent membres du prestigieux clan Belmont, sont là pour renvoyer Dracula dans sa tombe – ou du moins, essayer, car le vieux bougre ne cesse de ressusciter avec son château maléfique. Dans la Dominus Collection, on retrouve cette formule, mais cette fois, on met de côté Haunted Castle (qui ne brille pas vraiment par son scénario) pour se concentrer sur les trois autres opus.
Commençons par Dawn of Sorrow, qui fait directement suite à Aria of Sorrow sur Game Boy Advance. On y retrouve Soma Cruz, un adolescent à l’existence plutôt banale… si l’on excepte le fait qu’il a découvert être la réincarnation de Dracula. Rien que ça. Le jeu nous projette en 2036, une époque futuriste où Soma essaie de mener une vie normale avec son amie Mina. Mais bien sûr, quand on a un destin aussi sombre, la tranquillité n’est jamais qu’une illusion. La prêtresse Celia Fortner, grande fan du prince des ténèbres, n’a qu’une idée en tête : ressusciter Dracula dans le corps de Soma. Plusieurs fins sont possibles dans ce chapitre, qui marque l’ambition de Koji Igarashi de renouveler la série, avec un soupçon de futurisme qui dénote avec les châteaux gothiques des épisodes précédents.
Passons ensuite à Portrait of Ruin, qui nous catapulte en pleine Seconde Guerre mondiale, en 1944, une année déjà bien chargée en horreurs. Comme si le conflit mondial ne suffisait pas, voilà que le château de Dracula se réveille à nouveau. Jonathan Morris, héritier d’une autre célèbre lignée de chasseurs de vampires, et la jeune sorcière Charlotte Aulin prennent les armes pour stopper les plans du sinistre Brauner, un vampire profitant du chaos ambiant. L’originalité du titre ? Le duo de protagonistes, qui ajoute une belle dynamique au gameplay. En combinant leurs compétences – Jonathan pour le corps à corps, Charlotte pour la magie – le joueur doit résoudre des énigmes et survivre à des affrontements intenses. Le château lui-même offre une grande variété, avec des tableaux qui transportent les héros dans des mondes différents, apportant une touche d’aventure rafraîchissante.
Enfin, Order of Ecclesia, sorti en 2008, se démarque par sa difficulté, et elle n’a pas pris une ride. Si vous cherchez un défi, c’est ici que ça se passe. Mais ce qui rend cet opus mémorable, c’est surtout son héroïne, Shanoa, l’une des figures féminines les plus iconiques du jeu vidéo. Forte, déterminée, indépendante, Shanoa est membre de l’Ordre d’Ecclesia, un groupe mystique cherchant à contenir les pouvoirs de Dracula. Mais comme on peut s’y attendre, tout ne se passe pas comme prévu. En tant que porteuse désignée du glyphe Dominus, un artefact renfermant l’essence de Dracula, Shanoa se voit volée ses pouvoirs, déclenchant une quête pour retrouver les fragments du Dominus. Les glyphes sont au cœur du gameplay, servant à la fois d’armes et de compétences pour progresser à travers les niveaux labyrinthiques du jeu.
En revisitant Dawn of Sorrow, Portrait of Ruin et Order of Ecclesia, on se rend compte que ces trois titres, bien qu’appartenant à une même collection, ont chacun leur propre identité. Ils restent incroyablement plaisants à jouer, même après toutes ces années, confirmant qu’ils ont su conquérir la critique et les joueurs dès leur sortie.
Dans la lignée des précédentes collections de Castlevania, comme l’Anniversary Collection et l’Advance Collection, Konami continue de nous gâter. Cette fois, en plus des jeux, ce sont des trésors cachés qui sont déterrés, sous forme d’œuvres d’art inédites et de scans des livrets d’instructions originaux. Ah, ces manuels ! Un véritable saut dans le passé pour ceux d’entre nous qui ont grandi en feuilletant ces petites merveilles d’illustrations et de conseils avant de lancer un jeu. Aujourd’hui supplantés par l’ère du numérique et l’abondance de guides en ligne, les voir réapparaître est un geste de préservation du patrimoine vidéoludique. Une touche vintage qui accompagne avec grâce les trois chapitres DS de la Dominus Collection.
Sur le plan artistique, on peut dire que Dawn of Sorrow, Portrait of Ruin, et Order of Ecclesia ont eu droit à un lifting qui fait plaisir aux yeux. La musique, l’un des points forts de toute la série, a également été magnifiquement retravaillée. Pas de dénaturations ici, juste une touche moderne pour sublimer les compositions originales. Si vous êtes fan de la bande-son de Castlevania, préparez-vous à être à nouveau transporté dans cet univers gothique et envoûtant.
Petite nouveauté bien pratique : la possibilité de rembobiner le temps. Un game over face à un boss trop coriace ? Pas de souci, un petit retour en arrière et hop, vous pouvez retenter votre chance. Mais attention, ne vous laissez pas trop tenter par cette fonctionnalité. Après tout, une bonne partie du charme de Castlevania réside dans la satisfaction d’obtenir ce foutu objet rare après des heures de grind. Heureusement, les puristes peuvent choisir de jouer sans cette aide, en s’en tenant aux points de sauvegarde originaux pour vivre une expérience aussi authentique (et frustrante) que possible.
Du côté des graphismes, les jeux DS de cette collection surpassent largement leurs homologues GBA de la précédente collection. Même si M2 avait fait un bon boulot sur la Advance Collection, le passage du temps était encore visible. Ici, Portrait of Ruin et Order of Ecclesia se distinguent par une direction artistique qui tient toujours la route, même selon les standards actuels. Des décors variés, une multitude de détails visuels, et une atmosphère que seul Castlevania sait distiller. La refonte sonore, quant à elle, est tout aussi impressionnante, avec une bande-son qu’on peut même écouter dans le menu principal. Un véritable régal pour les oreilles.
Côté jouabilité, évidemment, la Switch n’a pas les deux écrans de la DS. M2 a dû ruser en proposant plusieurs configurations. Si vous jouez en mode portable, ne vous attendez pas à une clarté optimale si vous optez pour le mode portrait. Voir deux écrans superposés sur une petite Switch peut vite virer à la migraine. Par contre, avec un bon gros téléviseur, l’expérience devient bien plus agréable. Après quelques essais, la configuration par défaut, avec l’écran principal à gauche et le tactile à droite, s’avère être la plus efficace dans la majorité des cas.
Le menu principal, avec ses illustrations inédites, est un ajout esthétique qui vaut le détour. Pour les amateurs d’art et de raretés, c’est un pur plaisir. Et bien sûr, impossible de ne pas mentionner le travail effectué sur Haunted Castle. Bien que la version originale soit le maillon faible de la collection (un jeu d’arcade conçu pour vider vos poches, soyons honnêtes), M2 semble avoir pris un malin plaisir à revisiter cet opus. Résultat : une version rafraîchie qui, sans égaler les gloires DS, offre une expérience intrigante, un peu entre l’ancien et le moderne.
En résumé, la Dominus Collection est une lettre d’amour à l’histoire de Castlevania. Entre respect des œuvres originales, révisions artistiques et ajouts paratextuels précieux, cette collection se déguste avec passion. Si certains choix de configuration sur Switch peuvent frustrer, le plaisir de retrouver ces classiques l’emporte largement.
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Castlevania... ce monument du jeu vidéo qui a toujours su s'incruster dans nos vies comme un vieux coloc qui refuse de partir. Avec la Dominus Collection, une chose est certaine : la série n'a pas besoin d'un nouveau chapitre pour rappeler à quel point elle a marqué les esprits sur à peu près tous les systèmes d'exploitation qui lui ont ouvert la porte. Cependant, une décennie sans nouvelle entrée dans la franchise laisse un goût... disons, légèrement rance. Le public attend toujours une résurrection en fanfare de l'inoubliable Symphony of the night, mais, pour l'instant, silence radio. Heureusement, Dawn of Sorrow, Portrait of Ruin et Order of Ecclesia, les trois bijoux de l'ère Nintendo DS regroupés ici, ont gardé toute leur superbe. Que vous soyez du genre puriste, désireux de revivre l'expérience brute des versions originales, ou que vous aimiez profiter des petites « améliorations de confort » (ah, la douce option de remonter le temps après une mort stupide...), ces trois titres vous offriront des heures de plaisir de qualité. La nostalgie fonctionne encore, et même ceux qui sont passés à côté dans les années 2000 vont pouvoir découvrir ce que signifie vraiment « excellence vidéoludique ». Quant à la plateforme idéale pour cette petite plongée dans le passé ? Sans surprise, la Nintendo Switch s'impose avec son écran tactile, presque fait sur mesure pour remplacer la sacro-sainte interaction au stylet de la DS. Alors oui, Castlevania n’a toujours pas bougé de son manoir poussiéreux, mais cette collection prouve que parfois, il suffit de polir un vieux bijou pour lui redonner tout son éclat.
Yakudark