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Le voyage du rōnin

Le récit de « Rise of the Ronin » plonge profondément dans la période tumultueuse du Bakumatsu, une ère de changement radical au Japon. Débutant en 1853 avec l’arrivée de la flotte américaine dans la baie d’Edo, cet événement marque le début de la fin pour le shogunat Tokugawa et le déclin du samouraï traditionnel. La nation est divisée entre ceux qui soutiennent l’ouverture du pays pour bénéficier des compétences militaires des étrangers, et les rebelles déterminés à expulser les « barbares » et à renverser le shogunat.

Team Ninja explore habilement ces événements cruciaux et met en lumière les figures clés de l’époque, telles que le samouraï Ryōma Sakamoto, le shogun Yoshinobu Tokugawa et le stratège militaire Kogorō Katsura du domaine Chōshū. Leurs actions enflamment les villes de Yokohama, Edo et Kyoto, qui servent de décors dynamiques à ce monde de jeu, suivant une structure narrative évoquant celle des premiers chapitres d’Assassin’s Creed.

Au cœur de « Rise of the Ronin » se trouve le protagoniste, un Veiled Blade, un rōnin sans nom d’une puissance redoutable que chaque joueur peut façonner à sa guise. Séparé de son clan, il se retrouve plongé au cœur d’un Japon en pleine effervescence, en quête de vengeance ou d’une nouvelle voie à suivre. L’intrigue révèle différentes factions avec lesquelles il peut s’allier, une pléthore de personnages secondaires avec lesquels tisser des liens, et une série de choix qui influent davantage sur le point de vue que sur le déroulement des événements. Bien que l’histoire reste globalement inaltérable et que les choix ne modifient pas radicalement le cours des événements, le Veiled Blade est libre de vivre cette époque selon le camp des rebelles Chōshū ou aux côtés de ceux qui cherchent à changer le shogunat de l’intérieur.

Malgré son exploration captivante d’un moment crucial et souvent méconnu de l’histoire japonaise, « Rise of the Ronin » souffre de dialogues ternes et de conflits résolus autour de banalités, comme des discussions sur les tarallucci et le vin. De plus, de nombreux personnages sont introduits de manière spectaculaire pour ensuite disparaître sans laisser de trace. Alors que l’intrigue n’a jamais été le point fort de Team Ninja, elle occupe une part significative de l’expérience ici, et ce n’est pas toujours de la meilleure manière. Après avoir franchi la moitié du jeu, il est facile de sauter les dialogues des nombreuses missions de liaison qui jalonnent le monde du jeu, tant ils manquent d’intérêt.

Un monde ouvert à l'ancienne

Dans « Rise of the Ronin », l’action se déploie à travers trois vastes cartes ouvertes, liées aux villes de Yokohama, Edo et Kyoto, demeurant fidèles à la formule classique des mondes ouverts de la septième génération de consoles. Ces vastes régions regorgent principalement de points d’intérêt clairement marqués sur la carte : des places fortes à libérer, des villages à protéger, des sanctuaires à découvrir, des défis d’adresse et une multitude de missions secondaires qui enrichissent les liens avec les personnages. Cette formule fonctionne bien car chaque activité trouve sa place dans le combat : peu importe ce que vous choisissez de faire, l’épée finit toujours par être dégainée, constituant ainsi l’épine dorsale du jeu.

Cependant, la plupart des autres mécaniques semblent empruntées à des jeux tels que Ghost of Tsushima ou Assassin’s Creed, mais lorsqu’elles sont mises à l’épreuve, elles peinent souvent à être à la hauteur de leurs inspirations d’origine. Les panoramas, bien que suggestifs, souffrent d’une qualité graphique en retard, tandis que des outils tels que le parkour rudimentaire, les montures, le grappin et le planeur manquent d’une exécution fluide et d’une intégration parfaite dans le jeu.

Dans sa zone de confort, Team Ninja reste indéniablement maître de son art : les missions principales se déploient dans des zones soigneusement délimitées, où l’on doit se frayer un chemin à travers des vagues d’ennemis pour atteindre l’arène du boss, en s’appuyant sur les liens tissés avec nos compagnons. Cependant, une fois ce défi relevé, le monde semble soudain dépourvu d’un véritable design de niveau, ce qui rend la navigation laborieuse et laisse l’environnement dans l’ombre, incapable de magnifier le reste de l’expérience. Alors que vous parcourez le monde ouvert, votre esprit reste constamment focalisé sur le combat à venir, reléguant les paysages et l’exploration au second plan.

Pourtant, derrière cette apparente simplicité se cache une toile complexe de mécaniques qui s’intègrent habilement au récit. Les régions du Japon abondent en personnages avec lesquels tisser des liens, qu’ils soient sentimentaux ou stratégiques, en grandes factions avec lesquelles s’aligner pour obtenir des récompenses, ainsi qu’en diverses fonctionnalités telles qu’une maison à aménager, un système de personnalisation esthétique approfondi et même un volet de développement technologique dirigé par le « Léonard de Vinci japonais », Izuka Igashichi.

Se battre, se battre, se battre

Le système de combat élaboré par Team Ninja représente incontestablement le point fort de la production. Il combine habilement toutes les mécaniques introduites par le studio au fil des ans, du Ki, ou « stamina », hérité de Nioh, au système de déviation de Wo Long: Fallen Dynasty, pour lequel un bouton dédié a été ajouté. Il intègre également différents types de gardes permettant de modifier en temps réel les tactiques, les enchaînements de mouvements et les capacités spéciales de la Lame Voilée. Les sensations rappellent celles des jeux de combat : dans les affrontements en un contre un, il faut lire les attaques de l’ennemi, prendre l’initiative, exercer une pression constante, parer les coups avec précision et punir chaque erreur.

Au début, la tendance est d’approcher furtivement les avant-postes, en éliminant les ennemis dans l’ombre et en utilisant des armes à feu pour neutraliser les tireurs d’élite à distance. Cependant, à un certain point, le rōnin entre toujours par la grande porte, prêt à affronter jusqu’à douze samouraïs en même temps dans un ballet de pirouettes, de parades et d’exécutions brutales qui incitent à se battre encore et encore. En somme, le monde ouvert devient un véritable terrain de jeu « arcade », où se concentrer exclusivement sur l’activité principale : la confrontation avec les ennemis.

Le système de combat, bien que simplifié dans son exécution pour le rendre plus accessible, connaît une évolution constante en profondeur. Tout d’abord, il offre la possibilité d’équiper deux armes principales parmi une sélection comprenant katanas, odachi, niuweidao chinois, sabres occidentaux, doubles épées, et bien d’autres, même à distance. Chacune de ces armes dévoile au moins trois styles de combat différents, modifiant complètement les enchaînements de mouvements, les types de gardes et les techniques disponibles pour le rōnin. Mais ce n’est pas tout : les styles de combat associés à chaque arme – qui incluent de belles références à Ryu Hayabusa et à la série Nioh – doivent être appris de manière concrète.

Ainsi, pour maîtriser un art martial, il ne suffit pas de gagner en expérience dans le monde, mais il faut également se lier d’amitié avec d’autres guerriers, se rendre dans un dojo et apprendre directement auprès du maître qui l’a rendu célèbre en le défiant lors d’un entraînement ardu. Par exemple, Jigoro Kano, l’inventeur du judo, a été intégré dans le récit précisément dans le but d’enseigner au protagoniste quelques secrets du combat rapproché. Tous ces éléments interagissent pour offrir une variété maximale, permettant à chaque Lame Voilée d’être unique, tant au niveau de l’apparence que des armes, et surtout dans les stratégies de combat. Cette diversité est particulièrement visible lors des missions en mode coopératif en ligne.

La principale innovation réside dans le système de développement et dans l’équilibre général de l’expérience, introduisant pour la première fois un sélecteur de difficulté, y compris une option facile. Cependant, ce qui différencie vraiment Rise of the Ronin, c’est sa structure de monde ouvert. Contrairement à Nioh et Wo Long, il permet aux joueurs de nettoyer les cartes pour améliorer considérablement leurs statistiques, compétences de base et équipement, réduisant ainsi la courbe de difficulté. Cela entraîne toutefois un effet secondaire : en se concentrant uniquement sur la campagne, les joueurs peuvent bientôt se retrouver face à des boss bien plus puissants, rendant les activités optionnelles indispensables.

Malgré cela, l’équilibre reste réussi. Les niveaux de difficulté élevés et le contenu d’après-match sont conçus pour offrir un défi intense, adapté aux joueurs les plus exigeants. Cependant, la formule du monde ouvert présente des problèmes, notamment un comportement erratique des ennemis et des problèmes de trajectoire. Ces problèmes sont atténués lorsqu’on se concentre sur les missions principales, où la Team Ninja retrouve sa maîtrise, offrant une expérience plus fluide et engageante.

Graphiques, technique, exécution

Il est indéniable que Rise of the Ronin souffre de retards considérables en termes de graphismes et de mise en œuvre technique. Bien que le patch de lancement ait résolu certains problèmes de framerate, des défis persistent, notamment des phénomènes de pop-up notables, des textures de basse résolution et un système d’éclairage basique.

Pour une production exclusive à la neuvième génération de consoles, ces lacunes sont difficilement excusables. La direction artistique, en particulier, laisse à désirer. Contrairement aux précédents travaux de Team Ninja qui présentaient des créatures et des environnements fascinants, Rise of the Ronin se contente de décors et d’ennemis basiques. L’absence de boss au design marquant et les vues peu inspirées déçoivent, surtout lorsque comparées à des titres plus anciens mais visuellement plus saisissants.

Bien que certains affirment que les graphismes ne sont pas primordiaux, leur importance est accrue dans les jeux qui placent une grande importance sur l’immersion et l’exploration d’un vaste monde historique. Malheureusement, dans le cas de Rise of the Ronin, ces lacunes graphiques viennent ternir l’expérience globale, soulignant la nécessité d’un équilibre entre gameplay et esthétique pour offrir une expérience de jeu véritablement captivante.

Dans l’univers Bakumatsu du Japon, un paradoxe intrigant se manifeste : alors que les jeux sont souvent critiqués pour leurs activités répétitives telles que la libération d’avant-postes, c’est précisément dans Rise of the Ronin que l’action prend son envol. Le système de combat approfondi et les mécaniques qui influent sur les relations et l’histoire témoignent de la richesse du gameplay.

Il serait facile de conclure que la structure du monde ouvert ne convient pas à Team Ninja, mais ce serait une solution trop simpliste. En réalité, Rise of the Ronin, malgré ses imperfections, représente un fruit prometteur mais encore immature. Il est crucial que les décideurs lui accordent le temps nécessaire pour mûrir, car son potentiel pourrait révolutionner le studio, réaffirmant ainsi sa maîtrise de l’action technique.

NOTRE AVIS

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Rise of the Ronin marque une tentative audacieuse de Team Ninja d'évoluer sa formule d'action pure vers une structure de monde ouvert. Cependant, malgré ses forces fondamentales inchangées, ce changement de paradigme n'a pas produit les résultats escomptés. Le système de combat, bien que profondément stratifié et accessible, offre des sensations excellentes rappelant celles des jeux de combat, mais son environnement ne parvient jamais à le mettre en valeur pleinement.
L'univers du jeu suit une construction classique, les activités sont simplistes, les graphismes et la technique d'exécution ne sont pas à la hauteur des normes actuelles, tandis que le cadre historique, bien qu'intéressant, limite la scénographie et la conception esthétique. Ainsi, bien que les combats de Rise of the Ronin offrent un plaisir incontestable aux fans du genre, ils se retrouvent à porter le fardeau d'une œuvre dont presque tous les autres aspects sont en décalage avec cette direction.

Yakudark

BONS POINTS

  • Système de combat fantastique, accessible et profond
  • De nombreuses options de personnalisation
  • Une narration très intéressante sur l'histoire du Japon

MAUVAIS POINTS

  • Un monde ouvert peu concluant
  • L’exécution technique et les graphismes sont arriérés et fragiles
  • Scénario et direction artistique sans aucun twist

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