Crymachina

Crymachina : À la Croisée des Mondes, Entre Action et Esthétique Nouvelle Génération

L’alliance entre FuRyu et Aquria se révèle singulière : ces deux Japonais, l’un basé à Shibuya et l’autre à Yokohama, font partie intégrante d’un tissu de jeux de rôle japonais hautement spécialisés, offrant des expériences inédites qui semblaient impensables dans les années 90, dépassant les frontières de l’archipel. Peut-être avez-vous croisé des titres tels que Monark ou Crystar ? Crymachina rejoint la compétition, cherchant à s’imposer dans un écosystème où les thèmes centrés sur les jeunes filles se mêlent à la science-fiction, à des éléments fantastiques et religieux, le tout agrémenté d’une bonne dose de psychodrame soigneusement dissimulé.

Nous pénétrons dans le domaine des produits conçus pour un public qui apprécie un style esthétique de nouvelle génération, oscillant entre une touche fluo, une ambiance sombre, un soupçon de clichés, une influence shojo, et une saveur animée. Le roman vidéoludique Crymachina incarne à merveille cette puissance féminine caractéristique du Japon, promettant une expérience d’action intense dans un univers futuriste des plus inspirants.

Voyons comment Aquria se débrouille dans notre critique de Crymachina.

Une histoire peu commune

Crymachina débute par un opening inhabituel : des maladies mortelles, des conflits dévastateurs, des individus pris entre la vie et la mort dans des hôpitaux. Puis tout s’éteint, et vous émergez dans le futur, deux millénaires plus tard, à bord d’un vaisseau spatial conçu comme un ultime bastion de survie pour l’humanité. Sur ce vaisseau, un ensemble de machines dotées d’une conscience qui rappelle étrangement l’humanité se lancent dans un périple périlleux vers la rédemption complète, la redécouverte des émotions authentiques, et la communication entre ces entités conscientes. C’est une exploration entre le métaphysique et le religieux, avec des structures imposantes évoquant des figures bibliques et angéliques sous forme de robots, de baleines volantes, et de jeunes femmes dotées d’une silhouette généreuse. Dès les premiers instants, Crymachina se dissimule derrière une façade presque comique, une toile familière mais puissamment émotionnelle, mystérieuse, fascinante, sombre et pourtant captivante.

Naoki Hisaya, célèbre pour ses talents d’écrivain dans le domaine des jeux mettant en scène des jeunes filles, même mécaniques, insuffle une créativité éclatante à Crymachina. La quête de ces filles-machines pour retrouver leur humanité, afin de mettre fin à la guerre civile éclatée entre les Deus Ex Machina du vaisseau Eden, se transforme en un voyage de découverte de leur essence, de leur mission, et de la souffrance endurée par ceux qui les ont précédées et qui ont beaucoup souffert avant de succomber. Les dialogues subtils cachent un message profond, jetant une lumière sombre sur l’avenir de l’humanité, peut-être mûri par les récents événements sociopolitiques mondiaux. Au sein de ce brouillard oublié, l’espoir persiste, une lumière classique qui ne brillera que pour ceux qui luttent ardemment pour l’atteindre. La question qui subsiste : comment mener cette lutte ?

Une structure labyrinthique ?

Crymachina adopte un mécanisme d’exploration direct, épuré de fioritures superflues : aucune exploration forcée et monotone, pas de nécessité de revisiter les mêmes cartes. Les niveaux au sein d’Eden, dans lesquels nous sommes projetés, sont essentiels, restreints, visant à nous conduire au boss correspondant, tout en minimisant l’exploration. Plutôt que de créer des cartes complexes coûteuses, le choix a été fait de privilégier des niveaux simples, évitant ainsi des conceptions peu abouties ou réalisées avec des moyens limités. L’ambiance sombre, spatiale et captivante des décors de Crymachina plonge instantanément dans un univers solitaire de science-fiction, imprégné de tons sombres, de couleurs froides, et d’une immense mélancolie. L’équipe a opté pour un style capable de dépeindre et de transmettre toute la froideur d’Eden, un vaisseau dérivant sous la domination des intelligences artificielles.

Le cœur du gameplay, en dehors des dialogues avec vos compagnons de route et de la gestion de l’arsenal, réside principalement dans le combat. Connaissant l’historique de l’équipe, il est gratifiant de constater une évolution dans cette direction, avec une proposition de jeu qui, bien que pas encore totalement aboutie, revêt certainement une identité plus riche. En plus des techniques d’attaque et d’évitement habituelles, les attaques peuvent désormais être inversées, et vous avez la possibilité d’opter pour des attaques à distance à l’aide d’un réticule. Il y a indéniablement une plus grande variété et une meilleure capacité à exprimer un système de combat moderne, même si, à la fin, le schéma d’attaque reste limité, et le jeu, à l’exception des boss, ne brille pas par un design particulièrement diversifié.

Pour les amateurs de progression, Crymachina propose un système centré sur l’amélioration de l’équipement et l’utilisation d’armes de soutien, offrant au joueur la possibilité d’améliorer ses performances au combat et d’ajouter une dimension tactique à l’ensemble du système. Malheureusement, malgré une liste d’objets plus étendue, le combat dans Crymachina souffre de valeurs de production spécifiques qui sont, malheureusement, plutôt faibles. Ainsi, il n’est pas exclu que cela puisse lasser certains à moyen terme. Cependant, il convient de mentionner que sur la Nintendo Switch, le jeu tourne de manière satisfaisante, à condition de tolérer des baisses de résolution évidentes, qui malheureusement rendent parfois l’image un peu floue.