La licence South Park est comme une vieille crotte de nez qui refuse de se décrocher, un peu comme un morpion… Nos amis puritains détesteront cette comparaison, les autres sont déjà prêt à rejoindre l’équipe du Coon.. Le Bâton de Vérité avait proposé un excellent RPG tour par tour dans un enrobage trash et crade si chère à cette série. Ce nouveau volume partait donc sous les meilleurs auspices jusqu’à la grosse “polémique” de ces dernières semaines.
En effet Ubisoft a annoncé que les voix françaises de la série ne seront pas présentes dans le jeu, pour la raison officielle qu’ils n’ont pas trouvés d’accord avec les doubleurs… Outre le fait d’être la seule langue disponible du jeu sans ces derniers, cela rappelle à quel point une réputation de jeu peut dégringoler à la moindre occasion, donc je vais parler immédiatement de ce point avant de parler du jeu en lui-même. Alors oui, il n’y a aucune voix française officielle, ce qui ne m’aurait pas plus dérangé que ça n’étant pas un fan absolu du dessin animé, mais à chaque fois que la fausse voix de Cartman parle il y a comme un malaise car ce dernier essaie d’imiter l’officielle et personnellement je trouve ceci déplacé. Pour le reste, les (faux) doubleurs ont essayé de respecter le ton et la manière de parler des protagonistes de South Park et pour cela on peut apprécier leur travail même si les personnages principaux perdent de leurs superbes comme Butter/Chaos par exemple. Au final les doublages restent moyen et on passera vite en Vo. Si ce détail vous est insupportable, la suite ne pourra probablement pas vous faire changer d’avis et vous boycotterez le produit.
Parlons maintenant du reste du jeu, la partie la plus importante il faut dire. Tout commence avec Cartman (comme souvent d’ailleurs), ou plutôt le Coon, son identité de super héros. En effet de nombreuses disparitions de chats l’inquiètent et la situation dégénère à South Park. Il décide de partir en chasse de l’un d’entres eux pour espérer gagner la somme de 100$ et faire démarrer sa franchise de super-héros grâce à cet argent.
C’est lors d’une grande bataille dans l’univers du bâton de vérité qu’il décide d’intervenir. Le combat fait rage dans la rue et le Druide Stan voit que la situation lui échappe, il a donc besoin de son roi, Vous ! C’est sur votre “trône” que le jeu débute avec un duel crispé avec votre caca (il va falloir vous habituer à lire ce genre de chose dans ce test, car cela est un des thèmes majeurs du jeu). Véritable mini-jeu, vous aurez comme objectif avant de rejoindre vos troupes d’expulser cet intrus de la meilleure façon possible. S’ensuit vos premiers combats afin de vous expliquer rapidement le fonctionnement de ce dernier.
Dans le même principe que le premier épisode, les combats sont en tour par tour. Chaque personnage agit suivant sa rapidité (les portraits en bas à droite vous donnera l’ordre d’agissement). Votre espace de combat est un damier rectangulaire qui servira à vos déplacements mais aussi pour mesurer vos différentes techniques. Lors de ces didacticiels vous êtes le roi et donc quasiment imbattable. Alors que vous venez tout juste de vaincre le dragon ennemi, Le Coon apparaît et demande à ses acolytes de le rejoindre dans son antre pour une réunion d’urgence. Malheureusement vous n’êtes pas invité. Il faudra trouver le mot de passe de la cave pour y pénétrer et rejoindre la bande. Cartman vous donne une fiche de perso et vous demande de choisir entre 3 classes aux pouvoirs différents. Votre première mission en tant que jeune recrue (noob pour Cartman) sera de répondre aux appels de détresse de compagnons super héros comme l’homme cerf-volant ou Super Craig.
South Park l’Annale du Destin montre immédiatement sa fausse complexité au travers de son enrobage simpliste sur plusieurs aspects. Rien que le principe de régler la difficulté avec la couleur de peau du personnage est à la fois osé et représentatif de l’essence de South Park, soit une satire au vitriol des Etats-Unis et de la société “moderne”. Vous aurez néanmoins la possibilité de régler la difficulté des combats via trois modes, le mode héroïque étant le plus équilibré, mais cela annule le réglage via la couleur de peau. Dommage l’idée était excellente et conforme à l’esprit de la série. Même chose pour le choix de sexe, cela ne change pas les dialogues et en VO cela ne se ressent pas (les dialogues ont été écrit de manière à ne pas lire de genre), mais en français par contre, c’est flagrant comme appelé votre héroïne “le roi”, ou par moment être appelé la nouvelle alors que nous sommes un garçon…
L’artisanat est un élément essentiel du jeu car il vous permet de fabriquer des consommables (soin, résurrection, antidote, etc..), des costumes pour changer l’aspect de votre héros, mais aussi des artéfacts voir des pouvoirs. Les artéfacts donc, augmentent votre puissance et ajoutent des bonus comme un taux de critique supérieur ou une meilleure vitesse. Plus vous montez de niveau plus vous pourrez vous équiper d’artéfacts. D’ailleurs votre puissance n’est géré que par ces derniers, pouvant atteindre la valeur maximum de 800. Les missions principales et annexes utilisent cette valeur pour vous indiquer sa difficulté.
Chaque objet construit vous donne des points d’artisanats, augmentant le niveau de ce dernier et vous débloquant d’autres plans de constructions. De nouveaux plans de costumes/objets seront disponibles à la vente mais également dans la ville de South Park, bourré de caches et autres endroits à fouiller. En tant que super héros, vous avez le pouvoir d’analyser le lieu pour y découvrir des secrets ou des éléments impactés par vos super-compétences (comme les failles jaunes, destructibles grâce à vos pétards). Plus tard dans le jeu, vous aurez la possibilité d’invoquer vos compagnons pour réaliser des actions spécifiques comme la Proutmobile (oui oui…) ou encore souffler de la lave grâce à votre anus.
Comme son prédécesseur, South Park l’Annale du Destin vous proposera de nombreuses quêtes annexes tout aussi débile et drôle comme acheter un préservatif pour le grand-père de Kyle, récoltez des images de mangas gays et j’en passe. Sa richesse dans le contexte, dans ses nombreux clins d’oeils à la série animé ou simplement via le concours entre la bande du Coon, Chaos ou encore les Freedom Pals qui se calculent au nombre de followers sur l’application Coonstagram est proportionnel au fait que l’aspect RPG est simpliste, que les combats restent globalement simple pour un habitué du genre, mais sera fort appréciable pour le néophyte voulant avoir une aventure interactive dans son dessin animé préféré. Attention, certains combats spécifiques (comme celui du Night Club ou dans la maison de retraite) demanderont un peu de technique.
Le véritable point fort du jeu est sa capacité à générer des combats narratifs, dans le sens où tout est fait pour accompagner le joueur et de faire en sorte qu’il ne s’ennuit jamais. Sur le principe, avoir comme sort de zone un pet qui génère le débuff dégoût faisant vomir l’ennemi est drôle.. la première heure. Rapidement on se concentre plus sur les dialogues durant le combat et tout ce qui se passe autour (comme au début du jeu, contre le dragon en plein combat un gamin crie “voiture !”, tout le monde libère la route pour laisser passer le véhicule et reprendre après comme si de rien n’était) qui sont toujours aussi trash et drôle.
Comme son prédécesseur, la durée de vie du jeu dépendra principalement de vous. En ligne droite et en facile comptez 10-12h alors que pour les autres vous dépasserez sans problème les 20-25h pour tout faire, tout trouver. On aurait aimé plus de classes disponibles (une dizaine), même si à la fin du jeu vous pourrez mixer avec 4 d’entres elles (au grand désarroi de Cartman) ainsi qu’un aspect RPG plus poussé mais l’ensemble reste cohérent. Question graphisme et bien ne vous attendez pas à des trucs de folies, le jeu respecte l’animé en tout point y compris dans les déplacements. Si vous trouvez l’anime moche et mal fait, vous aurez les yeux qui saignent en jouant au jeu. Pour les autres vous serez ravi de voir qu’il n’a subit aucune censure, qu’il est toujours aussi sanglant, trash et satirique.
Ce respect de la série montre son principal défaut, South Park l’Annale du Destin ne parlera qu’aux fans de cette dernière, les autres seront rebutés par les graphismes, par l’esprit pipi/caca ou simplement par la vulgarité assumée du produit. C’est dommage car l’histoire est marrante et bien écrite, les dialogues et les différentes situations sont subtiles et mets en avant de nombreux tabous comme l’appartenance sexuelle, les cis et transgenres, la couleur de peau (les quêtes avec le commissaire de Police), etc… Personnellement je ne suis ni fan ni contre cette licence, je me suis bien marré sur le Bâton de Vérité et sur ce nouvel épisode, l’apparente faible durée de vie est au contraire très bien dosé pour éviter justement une lassitude et au final on passe du bon temps à exploser des sixièmes, des ninjas, péter sur l’ennemi et réussir de faire caca dans tous les toilettes de la ville. Bref en jouant à South Park, posez votre cerveau et accueillez votre côté puéril et débile avec joie le temps de quelques heures…
Nota : la note ci-dessous ne concerne que ceux aimant la série, pour les autres enlevez le 1 devant le 5…
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