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Les foules hurlent « Les magasins, ce ne sont que des voleurs ! Je peux avoir mon jeu moins cher au supermarché ! » Pourquoi cette différence de prix ? Pourquoi les enseignes spécialisées ne proposent-elles pas les mêmes tarifs que les grandes surfaces et les sites Internet ? SpiritGamer vous dévoile l’indévoilable (on risque gros pour vous).

Avant, les jeux vidéo, c’était moins cher chez les spécialistes que dans les grandes surfaces et puis ça a changé depuis les années 2000. De quelques euros, nous sommes arrivés à des différences de 25€ aujourd’hui. On remonte le temps, pour comprendre ce qu’il s’est passé.

1980-2000 en campagne

À la grande période du jeux vidéo, les magasins ouvraient au fur et à mesure dans les villes de plus en plus petites. Dans la mienne, le premier a ouvert au début des années 90 avant de fermer quelques mois plus tard. Le second n’arrivera qu’en 1997. Avec une population de 10 000 habitants, pas facile de faire son trou dans un milieu pour enfants. Résultat, la durée de vie d’un magasin de jeux vidéo n’était que de 3 ans (la période nécessaire à un magasin pour savoir si il est rentable ou non avant de payer des choses qu’ils ne payent pas avant; pour faire simple).

En 2000, c’est l’explosion des jeux vidéo, des tonnes de magasins ont ouvert à travers la France et leurs tarifs sont toujours moindre que les supermarchés, mais surtout, Internet n’était pas encore démocratisé (on en revient encore à Internet, comme pour le dossier C’est mieux les jeux vidéo avant?). Les jeux vidéo arrivent de plus en plus dans les foyers Français et les jeux sont accessibles à tous. Les magasins spécialisés font de l’occasion et rachètent les titres finis, trop durs ou nuls. Tout le monde est content et puis est arrivé Internet.

internet m'a tuéInternet m’a tué

L’arrivée d’Internet n’a pas affecté les enseignes au départ. En grande majorité, on achetait ce que nous ne pouvions trouver en magasin sur e-bay, Amazon, 2xmoinscher ou encore Priceminister. On vivait dans un monde où la cohabitation était parfaite. Et puis, avec le temps, certaines enseignes d’Internet ont commencé à proposer des prix en deçà du tarif habituel. Mais là encore, Internet n’était pas dans tous les foyers, donc ça pouvait encore aller pour nos magasins. Sauf que les fournisseurs d’accès au net ont baissé leurs tarifs, ce qui fait que de plus en plus de personnes avaient accès à ces « prix cassés » et ont boudé les commerces.

Avec le fric qu’ils se font, ils peuvent s’aligner !

Amazon est l’un des précurseurs dans les tarifs agressifs avant que les enseignes de la grande distribution entre dans la danse. Je me rappelle lors de ma formation avoir dit à un vendeur d’une de ces enseignes qu’ils tuaient mon futur métier, sa réponse m’a dégoûté : « On propose les produits que les gens veulent. On ne gagne rien dessus. Une mère qui fait ses courses va acheter plus facilement un jeu à son fils ; elle va craquer, pas besoin de vendeur pour ce rayon. » Le client était donc livré à lui même et si l’on voulait un conseil, on pouvait se retrouver avec la vendeuse du manège à bijoux (et c’est pas une blague).

Mais revenons aux enseignes de la grande distribution et leurs implications dans la mort des enseignes spécialisées. Une rumeur (s’en est pas une, mais personne ne veut avouer) court selon laquelle un supermarché a été traîné en justice par une grande enseignes de jeux vidéo (pas forcément celle que vous pensez) et que le supermarché a été relaxé. L’argument qui a été mis en avant est que la société se mettait au même niveau que les sites marchands, ce qui n’est pas interdit par la loi. Il est interdit d’être le seul à faire des bas prix, mais il n’est pas interdit de s’aligner.

Résultat, les sites marchands ne sont plus des concurrents qui abusent, mais des concurrents classiques. Et paf, les enseignes spécialisées ont perdu. Vous allez dire : « Oui, mais si les grandes surfaces peuvent le faire, les petits magasins aussi, en plus ils font de l’occasion. » Et bien, non ! L’occasion et le neuf, ce sont deux choses différentes et la TVA n’est pas la même. Mais le plus grand fautif dans l’histoire, c’est le fournisseur qui boude les petits magasins et lorgne sur les supermarchés.

margeTout est question de marge à 30%

Vous ne le savez peut-être pas, mais les produits neufs sont soumis à des marges définis par l’état en fonction du produit. C’est environ 150% pour un vêtement et 30% pour un jeu vidéo. Mais c’est quoi cette marge, toi qui ne connaît que celle de tes cahiers ? La marge est ce que l’entreprise gagne sur le produit au minimum sans la TVA (qu’il faut rajouter après). En gros sur un jeu vendu 45€ hors-taxe, il faut ajouter 30% pour avoir la marge puis 20% pour la TVA, ce qui fait 70,20 €. J’ai arrondi, normalement, les prix d’un jeu à 69,99€ (prix magasin) c’est dans les 42,50 €, ce qui fait 66,30 €. Le magasin fait un bénéfice de 3,69€ sur un jeu « Attends mec, t’as dit que la marge c’est que doit gagner le magasin obligatoirement et là tu dis qu’il ne gagne QUE 4 €, c’est pas logique ! »

Les marges sont certes ce que doit gagner un magasin, mais elle est là pour payer les frais, à savoir, loyer, électricité, employé(s) et ou patron, eau et les autres frais divers. Ces 4 petits euros sont ce que gagne réellement le magasin, ce qu’il se met dans la poche. Et là, qui est le voleur ?

Ils n’ont qu’à changer de fournisseurs !

Si c’était si simple, nous aurions toujours autant d’enseignes, mais ce n’est pas possible. Pour avoir des prix, il faut acheter de gros stocks. Certains fournisseurs font un jeu gratuit pour dix ou vingt achetés, mais ce sont sur les grosses opérations du type Call of Duty ou FIFA. Il faut savoir que ce jeu gratuit sera soumis à la TVA et à la marge dans tous les cas. Les petits magasins ne peuvent pas prendre des milliards de jeux, que ça soit par manque de place ou d’envie, c’est à cause du coût. Les fournisseurs proposent des prix identiques voir plus cher que les sites marchands ou les enseignes de la grande distribution. Et là, tu te dis : Comment il fait le supermarché ? On va voir ça de suite.

Nombre de magasins Leclerc par régionJe suis un supermarché mais je ne suis pas seul !

Les enseignes de la grande distribution, comme les sites marchands achètent en grosses quantités. Selon les lois, plus on prend, moins on paye cher. Pour les sites marchands, ils en prennent des tonnes et les écoulent avec le temps, pas besoin de marge à proprement parler, ils ont des usines de stockages, sont parfois des fournisseurs pour des entreprises et j’en passe (certains sont dissimulés derrière des magasins).

Pour les enseignes de la grande distribution, elles font marcher le soyons unis. Un magasin, c’est bien, mais quand il y en a des centaines, ça fait du chiffre pour le fournisseur. Ils ont donc des prix non pas au nom d’un supermarché, mais au nom de plusieurs (si tu veux pas, on se barre tous!). Ils font donc une marge de 30%, ajoute la TVA et gagne quelques euros. Il est donc impossible pour une enseigne de jeux vidéo de contrer ce système qui tue les petits commerces, surtout les petites enseignes ou les indépendants.

Et Carte des magasins Micromania en 2013Micromania alors, c’est pas une grosse enseigne ?

Pour la plus grande enseigne de jeux vidéo en France, je n’en parlerai pas car je ne connais pas, nous n’avons pas de taupe dans leur rang. Une chose qui les aide énormément, c’est le payement en plusieurs fois sans frais. Alors que les supermarchés, c’est galère faut aller à l’accueil et tout, chez Micromania, il faut une carte bleu et une carte d’identité et on sait si le paiement est accepté ou non dans la minute.

Comment réussir ?

Cette question commence à faire le tour des magasins. J’en ai parlé avec un responsable d’une enseigne qui fait du neuf, de l’occasion et du rétro. Selon les magasins de cette enseigne, certains ne font plus de neuf, d’autres vivent du rétro ou sur l’occasion récente uniquement. Il n’y a pas de recette miracle, il faut faire en fonction de ce que les gens attendent.

citation

Voleur ou pas ?

En conclusion, non, les petites enseignes en proposant des tarifs à 70 € ne vous volent pas, elles ne peuvent pas faire autrement. Elles ne gagnent que quelques euros que ce soit sur un jeu ou sur une console.

Pour l’avenir, il faudra toujours des magasins de jeux vidéo spécialisés pour que les gens puissent vendre leurs jeux sans se prendre la tête, mais cela ne pourra être possible que si les jeux sont toujours matérialisés.

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VOS AVIS

Fafa Gaming, 08/11/16

Je cite :
 » L’argument qui a été mis en avant est que la société se mettait au même niveau que les sites marchands, ce qui n’est pas interdit par la loi. Il est interdit d’être le seul à faire des bas prix, mais il n’est pas interdit de s’aligner. »

Ceci est faux.
En France, les prix de (re)vente sont LIBRES, exceptés :
– pour les produits dont le tarif est réglementé (presse et livres par exemple),
– sans pour autant revendre à perte (prix de revente inférieur au prix d’achat).

Un magasin a donc tout à fait le droit de revendre à bas prix (ce qui ne veut pas dire grand chose d’ailleurs), dans la mesure où ce prix n’est pas inférieur au prix d’achat.
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Je cite :
« Vous ne le savez peut-être pas, mais les produits neufs sont soumis à des marges définis par l’état en fonction du produit.  »

Ceci est faux également.
Dans la mesure où les prix sont libres, l’Etat n’a pas à intervenir sur la marge que décide de prendre le revendeur.
C’est du ressort de sa stratégie commerciale.

De plus, il ne faut pas confondre marge et bénéfice.
C’est pas clair dans l’article.
La marge, en commerce, est super simple à calculer : c’est la différence entre le coût d’achat et le prix de revente.
Cette marge va permettre de payer toutes les charges du magasin (loyer, salaire, énergie…).
Une fois les charges payées, s’il y a une solde positif, on appelle ça un bénéfice.
Ce bénéfice ira, s’il le souhaite, dans la poche du propriétaire du fond de commerce (c’est comme ça qu’il gagne sa vie).
Ceci amène donc à ne pas confondre gérant et propriétaire d’ailleurs.
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Je cite :
« Selon les lois, plus en prend, moins on paye cher. »

Ceci est faux également.
Comme déjà dit, les prix sont libres.
La loi n’a rien à voir avec ça.

Si le prix unitaire est moins cher lors d’une grosse quantité commandée, c’est parce que cela permet de réaliser des économies d’échelle.

Qu’est-ce qu’une économie d’échelle?
Le fait d’étaler sur une grosse quantité les charges FIXES.
Une charge est fixe lorsque son coût est le même quelque soit les quantités vendues.

Exemple : VW va sortir prochainement la Golf 8.
Combien coûte la toute première Golf 8 qui sera produite?
Certainement plusieurs millions d’euros.
Pourquoi? Parce qu’il faut imputer sur UNE SEULE voiture l’intégralité des coûts de développement (qui sont des charges fixes).
Aussi, pour éviter de devoir payer une bête Golf plusieurs millions d’euros, on va en produire des milliers.
Et du coup, les coûts de développement vont être imputé sur des milliers de voiture.
1 seule Golf 8 : plusieurs millions d’euros
des milliers de Golf 8 : 20.000€!

Rien à voir avec la loi !

    ACCA, 09/11/16

    Salut,

    Pour le premier point : Certes les prix de ventes sont libres en France, mais les jeux vidéo sont soumis à un tarif conseillé (j’ai bien dit conseillé que l’on n’est pas obligé de suivre). Malheureusement, avec le calcul que je donne plus bas, les enseignes spécialisées s’en approchent toujours. Après, la concurrence déloyale existe et le dénigrement peut être prix en compte, je cite : « Le dénigrement peut également viser les prix ou les services de l’entreprise concurrente ou les méthodes employées. Pour parvenir à leurs fins, plusieurs méthodes sont susceptibles d’être mises en oeuvre. » Je rajouterai le texte de l’article de loi du commerce : « Article L420-5
    Sont prohibées les offres de prix ou pratiques de prix de vente aux consommateurs abusivement bas par rapport aux coûts de production, de transformation et de commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer d’un marché ou d’empêcher d’accéder à un marché une entreprise ou l’un de ses produits. »

    Pour le second point : Oui, les marges commerciales ne sont pas définies par l’état mais par le dirigeant sous les conseillent du comptable car il ne faut pas faire banqueroute. Sur les différentes entreprises que j’ai rencontrées/contactées, tous font une marge minimum de 30% sur les jeux vidéo et m’ont dit que c’était une obligation. Ce que j’ai compris en « c’est l’état qui décide ». Désolé pour cette fausse info.

    Le dernier point : Le terme « loi » n’était peut être pas le plus adapté pour se faire comprendre. Je sous-entendais les lois du marché qui ne sont pas celle de l’état.

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