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La narration a beaucoup évolué au cours des siècles, nous sommes passés d’histoires orales à des récits écrits, puis de l’écrit à l’image, pour arriver à l’image animée et au jeu vidéo.

Mais si la comparaison avec le cinéma est fréquente, pourquoi le jeu vidéo a-t-il autant, voire plus de succès que celui-ci ?

Une identification universelle

Ce phénomène est la capacité d’une personne, d’un joueur en l’occurrence, à se mettre à la place de tel ou tel personnage de fiction. On devient lui pour un temps, et ce pour différentes raisons.

Comme en littérature, quand on lit une histoire, on s’attache aux personnages, parce qu’ils ont des points communs avec nous, et on aimerait alors vivre les mêmes péripéties, qui nous éloigne du train-train quotidien.

Comme au cinéma, on va se sentir proche du lui car on ressent facilement ses émotions grâce à ses mimiques, ses expressions du visage, mis en valeur par de magnifiques gros plans. Sa tristesse, sa folie, sa douleur, on les vit tout comme lui.

Dans l’univers vidéoludique, plus que de l’identification, on pourrait parler de désincarnation ! On prend virtuellement la place de l’autre, on rentre dans son univers, son milieu social ; et surtout on agit à sa place, on pense pour lui, on le protège, on veut sa réussite, son bonheur, que ce soit en sauvant le monde des extraterrestres, en gagnant un match de foot, en dirigeant à merveille une civilisation pacifique, ou même en parcourant le monde au volant d’un trente-six tonnes.

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Un monde immersif

Depuis quelques années, les jeux vidéo sont devenus plus beaux, plus grands, plus réalistes, à tel point que le joueur veut du monde ouvert ! Fini les couloirs interminables où le scénario est tellement rigide qu’il n’offre aucune personnalisation de la partie. Pouvoir faire ce qu’il veut quand il veut, voilà la nouvelle motivation du consommateur vidéoludique. Il souhaite avoir une partie qui soit unique, qui soit différente de celle de ces amis, mais qui lui permette aussi de se détacher totalement de son quotidien, et de s’imaginer ailleurs, dans un univers plus attrayant, plus distrayant, plus fascinant.

Une expérience interactive

L’univers du jeu, si beau soit-il, ne suffit pas. Il faut de l’interaction, soit avec d’autres joueurs, soit avec des pnj suffisamment vraisemblables pour qu’on les considère comme de vrais personnages à part entière.

L’être humain est avant tout un être social, qui ne vit que de relations avec autrui. Et contrairement à ce que les préjugés veulent nous faire croire, le gamer n’est pas un ermite fuyant le contact humain.

Donc pour se sentir bien dans un univers plaisant, le joueur recherche de l’interaction significative, qui va le conduire à s’informer réellement sur l’univers proposé, par envie et non par nécessité scénaristique. Il va s’interroger sur le monde qu’il découvre, et a forciori, sur le monde réel, puisque quoi qu’on fasse, la fiction n’est qu’un reflet de la réalité, où il est plus facile d’interroger notre existence à travers des situations expérimentales pertinentes.

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Des choix moraux existentiels

Lorsque tous les ingrédients sont réunis, lorsque le joueur se désincarne pour vivre à la place du personnage qu’il contrôle, celui-ci se retrouve inévitablement devant des choix. Ces derniers peuvent être tout à fait basiques, comme prendre à droite ou à gauche, ou choisir l’ordre de ses quêtes d’aventurier. Mais qu’en est-il quand celui-ci implique un certain ordre moral, qui en plus va influencer tout le reste de la partie ?

« Vais-je sauver la ville de Mégaton ou m’enrichir en assassinant des dizaines d’innocents ? » ; « Vais-je abandonner Lilly ou lui donner une seconde chance, après qu’elle ait tué Carley ? » ; « Vais-je être hostile ou amical envers les différentes espèces extraterrestres ? »

C’est questions sont fondamentales dans la vie en société, et s’y retrouver confronter oblige le joueur à se les poser, à y répondre, mais également à les transposer dans la réalité ! Au-delà d’un simple loisir, l’activité vidéoludique est avant tout une expérience humaine, qui confronte le joueur à ses propres interrogations.

Si 10ème art est si florissant, et si recherché et apprécié, ce n’est pas parce qu’il est l’équivalent du cinéma ou d’autres catégories artistiques, mais bien par qu’il les transcende toutes à lui seul.

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