De nos jours, dans le monde du jeu vidéo, l’originalité est un risque non seulement financier mais également un potentiel impact sur la réputation d’un studio. Nombre ont essayé et beaucoup se sont cassés les dents. DONTNOD connaît bien cela avec Remember Me, mais contrairement aux autres, ils insistent et continuent de promouvoir l’originalité pour notre plus grand bonheur…
Que de chemin parcouru depuis ce fameux Remember Me, semi échec et pourtant le jeu proposait de très bonnes choses notamment un background futuriste parisien aussi rare que bien fait. Après un Life is Strange réussit, l’éditeur Frenchie revient avec une nouvelle franchise qui nous a fait envie pendant de longs mois, il faut dire que les jeux où l’on incarne un vampire ne sont pas si légion que ça…
Nous incarnons Jonathan Reid, éminent médecin, spécialiste de la transfusion sanguine (vous avez noté l’ironie ?), vétéran de la Grande Guerre et fraîchement devenu Vampire. Jonathan se réveille dans une fosse commune, sans souvenir de pourquoi il est là et dans un état étrange… Il a soif. Sa vision est étrange et son corps faible… En titubant il aperçoit au loin une silhouette humaine, mais il voit plus son système vasculaire que son visage. La personne le prend dans ses bras et lui parle, mais il ne comprend rien, subitement il mord cette personne et boit son sang. Instantanément il retrouve ses forces, une vision normale et découvre qu’il vient de tuer sa sœur. A peine a-t-il le temps de la pleurer qu’il est pourchassé par des chasseurs le traitant de créature maudite et de monstre. Jonathan s’enfuit à perdre haleine dans un Londres laissé à l’abandon et meurtri par l’épidémie de grippe espagnole.
C’est dans ce contexte glauque et sombre que vous prenez la main de Vampyr. Ne vous focalisez pas sur les premières minutes de jeu qui semblent maladroites et effrayantes (dans le sens où « tout le jeu est comme ça ? »), car une fois passée la séquence de fuite, Vampyr devient beaucoup plus intéressant. Quel est donc le concept du jeu ? Dans la peau de Reid, vous allez découvrir vos nouveaux pouvoirs mais également une nouvelle facette de Londres, avec ses Vampires mais aussi des Skals, une sous-espèce où la transformation s’est mal passée et où la force de la soif a pris le dessus, réduisant la personne à un animal enragé. Le jeu vous laisse la liberté de faire ce que vous voulez dans le sens où il n’y a pas de difficulté, ce sont vos choix qui rendront le jeu plus difficile ou non. Comment ? Par l’expérience. Jonathan peut devenir plus fort en dépensant des points d’xp obtenu en affrontant des chasseurs (cela rapporte peu) mais aussi en étreignant des victimes (potentiellement tous les PNJs du jeu), sauf que ces dernières pour être rentable, vous devez mieux les connaitre en discutant avec eux et/ou avec leurs entourages. Plus vous savez de choses sur eux, plus ils rapporteront de l’xp en absorbant leurs sang. Oui mais voilà, en étreignant un PNJ, vous le tuez, et cela aura un impact sur le quartier de Londres où il résidait voir sur l’histoire ! Tuez un marchand et vous perdez la possibilité d’acheter/vendre, pire, tuez le PNJ important du quartier (mis en avant dans le menu du quartier justement) et ce dernier bascule dans le chaos le plus total en décuplant les combats, via la présence de Skals et de la milice de Priwen.
C’est là que le système est génial car votre décision de tuer un PNJ devra être un choix assumé et réfléchis, sous peine de sanction immédiate ou différée mais encore plus vicieuse. Allez-vous jouer comme Louis d’Entretien avec un Vampire et vous contenter de rat ? Ou plutôt comme Spike (Buffy) et « sucer » tout ce qui bouge ?
Vous l’aurez compris, Vampyr tiens un concept génial et enrobé au travers de mécaniques RPG, via un arbre de compétence qui permet d’apprendre des techniques actives (vous ne pouvez en équiper que 2 à la fois), passives assez classiques comme augmentez vos barres de vies, endurance, etc… Et des compétences ultimes déblocables plus tard en dépensant l’xp obtenu. Contrairement aux autres jeux, vous ne pouvez augmenter ces dernières que dans des emplacements spécifiques (refuge, bureau à l’hôpital) durant votre semaine pendant la journée. C’est l’xp dépensé qui fera augmenter votre niveau et seulement de cette manière. C’est par ce système que la difficulté du jeu se définit car si vous ne tuez personne, votre niveau montera très difficilement et l’écart avec vos ennemis n’en sera que plus grand. A l’inverse en tuant tout le monde vous deviendrez puissant, mais la ville sera plongée dans le chaos…
Puisque l’on parle de puissance, passons aux combats, très présent dans Vampyr, ils se présentent comme un Dark Souls mais sans agilité, c’est-à-dire que vous avez deux types d’armes représentés par la main gauche et la droite, ces dernières pouvant être des lames, armes à feu voir d’autres plus exotiques (pieu, faux, etc…). Certaines infligent des dégâts, d’autres permettent d’assommer vos adversaires. Chaque attaque consommant de l’endurance, vous devrez temporiser entre ces dernières et votre esquive pour ne pas vous retrouver essoufflé. Vos compétences vampiriques actives consomment du sang et vous ne pouvez en équiper que maximum 4, une fois votre jauge vide, vous pouvez après avoir assommé votre adversaire le mordre pour en récupérer, lui infligeant des dégâts en même temps. Par la suite, des armes auront la possibilité de récupérer du sang autrement. Chaque type d’ennemi à sa propre pattern que vous devrez apprendre afin de mieux le vaincre, mais contrairement au jeu cité ci-dessus, Vampyr n’a rien d’insurmontable une fois avoir compris que la caméra est aussi votre ennemi et que les patterns sont très simples et répétitives au point que, en vous débrouillant bien, vous pourrez vaincre des ennemis avec 10 niveau de plus sans difficulté… C’est dommage on aurait aimé des combats plus dynamiques vu la condition de Reid, et la possibilité de profiter de plus de compétences actives car le peu d’xp disponible (sans massacrer tout le monde) fait qu’on ne fait qu’améliorer celles que l’on a choisi plutôt qu’en activer d’autres…
Enfin, le craft est aussi présent dans Vampyr et à deux fonctions. La première est classique, elle permet d’améliorer vos armes en les faisant augmenter de niveaux contre des composants, mais également leurs ajouter des effets (dégâts supp, consomme moins d’endu, etc…). L’autre partie permet d’analyser certains objets (comme du sang de Skal) afin de pouvoir élaborer des remèdes aux différents maux des habitants, comme la fatigue ou la pneumonie ! L’intérêt ? Et bien si vous soignez quelqu’un, sa santé s’améliore, et si peu de gens sont malades dans un quartier, ce dernier devient moins insalubre et donc plus sûr ! Rendre la santé à un PNJ permet aussi de rendre plus rentable son étreinte ! Quand je vous disais que le système est vicieux…
Vampyr, comme vous l’avez lu ci-dessus, se compose d’un système de jeu très intelligent avec une excellente écriture dans un enrobage A-RPG classique mais limité (on ne ressent pas la puissance et la vitesse d’un vampire). Cette description est aussi valable pour le graphisme. Si l’ambiance et le rendu labyrinthique et sale du Londres de ce début du XXième siècle est très bien rendu rendant l’immersion grisante, la qualité graphique pure reste très moyenne. Si Jonathan est assez classe, la qualité des visages des PNJ est assez irrégulière mais souvent moyenne. Les décors sont parfois très jolies parfois passable. Si Vampyr avait été un AAA cela aurait été inacceptable, mais il faut aussi remettre le jeu dans son contexte de budget et au final l’ambiance prime et ce sur point c’est excellent…
Vampyr est clairement une réussite tant sur son originalité, son univers que son concept et au final seul son enrobage montre le fait qu’il n’est pas un AAA. C’est vraiment agréable de pouvoir jouer à des jeux proposant autre chose qu’une suite d’un autre épisode, et pour cela il faut saluer la prise de risque. Maintenant il n’est pas exempt de défauts avec notamment des ralentissements de framerate en plus de ceux cités plus haut, c’est un réel plaisir d’y jouer et d’avoir autant de dilemmes moraux ainsi que du pouvoir de vie ou de mort sur l’ensemble des PNJs du jeu… grisant.
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