Deux ans se sont écoulés depuis l’Incident de Panchaïa, où l’ensemble des augmentés, comprenez par-là la population ayant un implant, ou un membre cybernétique, ont perdu momentanément la raison et ont commis des atrocités.
Depuis ce jour, un débat fait rage au sein du monde concernant les droits de ces gens face aux « simples » humains. Comme toujours, l’être humain décide de choisir la pire solution, soit de parquer les augmentés dans des ghettos afin que « tous soit en sécurité ».
Eidos propose en début de partie de pouvoir revoir les principaux événements de Human Révolution (sorti en 2011) au travers d’une vidéo de 12 minutes. C’est une excellente initiative pour se rafraîchir la mémoire, dommage que la qualité audio ne soit pas au rendez-vous (contrairement au jeu lui-même).
Avant même de commencer le jeu, Deus Ex Mankind Divided vous propose de personnaliser votre partie au travers du gameplay via plusieurs choix de configuration de gamepad. Vous êtes un pur Deus Ex mais vous préférez la configuration de l’épisode précédent ? Pas de problème. Vous êtes un pro du FPS classique ? Le jeu a aussi la configuration qui vous va ! Encore une fois c’est une excellente initiative. Vient ensuite la difficulté, si la dernière (déblocable après avoir fini le jeu au moins une fois) fera peur à pleins de joueurs (si vous mourrez c’est game over, vos sauvegardes disparaissent !), personnellement je ne vais pas prendre de risque et faire le jeu en « normal » soit « Je veux un défi ».
Le jeu commence dans un hélicoptère de la Task Force 29 dans lequel nous retrouvons Adam Jensen, travaillant pour cette unité d’élite qui ne contient qu’un seul augmenté, lui-même. La mission se passe à Dubaï qui n’arrive pas à se relever de la crise des augmentés. Cette mission est un superbe didacticiel pour apprendre et surtout comprendre comment marche ce Deus Ex.
En effet Deus Ex Mankind Divided n’est pas un jeu facile, la moindre erreur entraîne un game over. Dès le début nous devons faire un choix d’approche de la mission (létal ou non ? arme à longue distance ou non ?). Jensen est certes très puissant (cela ne durera pas) mais il reste néanmoins très fragile en cas d’assaut frontal. L’ensemble du jeu nous invite à réfléchir, à regarder dans toutes les directions pour trouver des approches plus furtives et intelligentes.
Il suffit de voir notre arrivée à Prague (principal lieu du jeu), juste après un attentat à la gare qui a déréglé les augmentations de Jensen, nécessitant de voir l’un de ses amis Koller. Bloqué par les hommes d’un gang local, vous devrez trouver une solution. Parcourir la ville permet de discuter avec des gens, découvrir le climat plus que malsain pour les augmentés, avec par exemple le fait de se faire contrôler par la police régulièrement !
Manipuler Jensen est rapidement intuitif au travers d’une interface fouillis au départ (du fait du grand nombre d’informations à gérer) mais très bien pensé. De plus les nouveaux pouvoirs du héros permettent un peu plus de fantaisie (comme le hacking à distance ou la nanolame). Quant au contenu, il est égal à la richesse de son histoire via de nombreuses quêtes annexes (module Breach, Triangle lisible via l’application sur smartphone, etc…) pour une durée de vie d’environ 40-50h.
Mankind Divided nous offre un monde presque ouvert, riche en contenu et en situation. Pour revenir sur l’exemple de Koller, je suis parti sur une quête secondaire où un flic corrompu du nom de Drahomir qui pour me laisser passer, me propose d’acheter des faux-papiers. D’une simple possibilité de passage, je me retrouve au cœur d’un système d’arnaque et d’exploitation de la misère des augmentés avec la possibilité de la dissoudre ou d’en profiter ! Les choix cornéliens seront non seulement au rendez-vous mais auront un réel impact sur le jeu.
Autre point intéressant et génial à la fois (même si cela peut être rageant). Toujours en prenant l’exemple de la quête secondaire ci-dessous, j’ai ouvert un coffre de voiture dans la rue, cette dernière s’est mise à sonner. Avec le climat tendu et l’attentat, la police s’est mis à me tirer dessus, j’ai pu me réfugier dans un bâtiment et contenir l’assaut. Sauf que parmi les policiers tués, l’un d’eux aurait pu m’aider pour arrêter Drahomir ! Afin de me débarrasser de lui j’ai dû le sniper du haut d’un toit, sans me faire voir… Ce même toit m’a ouvert l’accès à la fameuse bibliothèque ou Koller était retranché…
Ça y est vous avez compris à quel point c’est génial ?
Afin de proposer le jeu le plus complet possible, Eidos à ajouter le mode Breach. Dans ce dernier vous incarnez un hacker qui via la réalité virtuelle (encore elle), va essayer de voler des informations et autre document compromettant afin de les diffuser au nom de son groupe (un peu à la Anonymous). Si les niveaux sont assez proches du gameplay de base, c’est l’aspect graphique qui dépayse le plus.
Pour arriver à vos fins, vous aurez accès à des augmentations mais également des bonus temporaires. Personnellement je ne suis pas spécialement fan de cette partie du jeu notamment à cause d’une incohérence toute bête. Breach propose le même système de jeu que celui d’origine tout en y incluant du scoring. Avoir un Hi-score est plus logique dans un mode arcade et cela ne colle pas avec le concept même de Deus Ex. Mais ce mode a le mérite d’être disponible et il serait injuste de le bouder.
S’il semble assez clair que le concept de Mankind Divided, son histoire, ses interactions et sa mise en scène sont aux petits oignons, le jeu n’est pas parfait pour autant. Tout d’abord graphiquement, le jeu est très agréable sur Playstation 4, que ce soit les rues de Prague, l’hôtel en ruine de Dubaï, la station Ruzicka, Golem City ou le MARG, l’ensemble du jeu est bien fait, mais aurait pu être plus poussé, la console de Sony a déjà montré qu’elle pouvait faire mieux. Le vrai problème graphique concerne surtout les personnages. Certains sont assez bien réalisés alors que d’autres sont laids et gâche clairement le plaisir visuel du jeu, la synchro des voix n’est pas la meilleure du monde mais elle reste correcte, surtout si on la compare à d’autres jeux (coucou Fallout 4).
Il n’y a pas réellement de gros défauts dans Deus Ex Mankind Divided, mais un manque de finition sur plusieurs aspects comme la VF qui est dans la moyenne des jeux vidéos, c’est-à-dire que si la voix de Jensen colle bien au personnage (interprété par Eric Aubrahn ayant travaillé sur Kingdom Hearts 2, Dragon Age Inquisition ou Alan Wake), le reste est en deçà de ce que l’on peut attendre dans une production de cet acabit.
La visée est également perfectible, imprécise voire carrément handicapante lorsque l’aide à la visée est activée, ce qui est dommage quand on sait que la rapidité et la précision sont important dans ce type de jeu.
Enfin j’ai pu constater quelques ralentissements, principalement dans Prague.
Malgré ce manque de finition fine (ce n’est pas un jeu mal dégrossi), Deus Ex Mankind Divided est une petite perle. C’est un jeu exigeant dans son gameplay comme généreux dans son histoire (malgré quelques rebondissements sans surprise), sa mise en scène et son immersion dans un contexte à la fois futuriste (les augmentations) et au combien actuel au travers de l’actualité réelle. Eidos a su développer les possibilités de gameplay de Human Revolution en les rendant réellement différentes et pour ceux qui prendront le temps de les exploiter, réellement gratifiantes.
Deus Ex Mankind Divided n’est pas fait pour tout le monde, et sa difficulté en rebutera certains, mais je ne peux que vous inviter à persévérer pour découvrir tout ce que l’on peut aimer dans une œuvre SF et dans un jeu vidéo.
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